Depeche Mode : Tour of the Universe
1977 : deux potes musiciens, Vince Clarke et Andrew Fletcher, décident d'explorer toute la créativité d'un nouvel instrument alors peu utilisé en pleine période punk, le synthé. 1978 : ils sont rejoints par Martin Gore qui deviendra le principal compositeur, et fondent le groupe Composition of Sound (nom qui caractérise encore aujourd'hui les fondamentaux du groupe, en perpétuelle évolution, à la limite de l'expérimentation). Dave Gahan les rejoint peu de temps après, engagé sur casting. Il devient l'interprète principal de Depeche Mode officiellement formé en 1979 à Basildon, Angleterre, et donne son nom définitif au groupe, tiré du nom de magazine de mode français. On est alors plein courant new wawe/electro pop. 1980 : dans un club londonien, le producteur Daniel Miller les repère et les signe sous son nouveau label Mute Records.
1981 : sortie de leur premier single Dreaming of me, bientôt suivi du hit planétaire Just Can't Get Enough. C'est le début d'un succès jamais démenti jusqu'à aujourd'hui, après plus de trente ans de carrière. Vince Clarke quitte alors la formation, bientôt remplacé par Alan Wilder recruté sur petite annonce en 1982 pour assurer principalement les live, qui partira lui aussi en 1985. En même temps que sa musique devient de plus en plus travaillée, mêlant sons industriels lourds et métalliques d'inspiration allemande, synthés, batteries froides et syncopées, guitares hyper‑saturées et la sublime voix grave de Dave Gahan, le groupe engage le photographe hollandais Anton Corbijn pour refaçonner son image. Il intervient à partir de 1986 sur tous les clips et les photographies du groupe, l'expurge de toute imagerie trash et sursignificative, impose le N&B et une esthétique glacée à la Wim Wenders. Religion, solitude, politique, sexe, drogue… DM (Depeche Mode) a trouvé ses thèmes de prédilection.
1987 : DM enregistre son unique album en France aux studios Guillaume Tell à Suresnes. C'est la naissance du désenchanté Music for the Masses. Le titre Never Let me Down Again, noir, presque onirique, deviendra l'hymne des concerts de Depeche Mode. 1990 : consécration avec l'album Violator vendu à plus de 13 millions d'exemplaires à travers le monde, au son reconnaissable entre mille (certains reprocheront à Martin Gore la surutilisation des synthés, qui compose pourtant nombre de ses mélodies au piano ou à la guitare, garant finalement de la modernité du « son Depeche Mode »). Des titres comme Personal Jesus, Policy of Truth et Enjoy the Silence, en permanence retouchés par le groupe lui‑même, marquent la planète rock.
Années 90 : période noire… Dave Gahan sombre dans la drogue et vit quasiment avec ses dealers, Gore s'isole et Fletcher essaie de limiter la casse. Dave Gahan est hospitalisé à la suite d'une tentative de suicide, est victime d’une overdose quelques mois plus tard et entame une nouvelle cure de désintoxication.
2009 : leur douzième album Sounds of the Universe sort le 20 avril 2009. Gros carton emmené par le titre Wrong, l'histoire d'un héros ordinaire marqué par la vie. Le groupe entame la tournée Tour of the Universe, soit 102 dates à travers le monde qui commencent dans des conditions plus que difficiles. Le père de Fletcher décède à la veille du premier concert et plusieurs dates sont annulées, le temps d'opérer Dave Gahan d'une tumeur à la vessie et de se rétablir d'une blessure à la jambe.
2010 : sortie du Blu-Ray de la tournée, et notamment des concerts barcelonais du 20 et 21 novembre 2009. Un concert brillamment mis en boîte par Russel Thomas (U2, Coldplay, Muse…) dans le chaudron du Palau Sant Jordi. Deux heures de show grandiose durant lesquelles DM égraine 21 titres réarrangés façon electro rock. Un spectacle puissant, majestueux, élégant, nerveux et sec, à l'image du leader charismatique Dave Gahan, désormais sobre et tournant à pleine puissance (presque 50 ans quand même le bonhomme). Rien de trop (un écran géant diffusant des vidéos conceptuelles très réussies, un jeu de lumières sobre et efficace), juste l'essentiel : la voix et les mélodies emboîtées les unes dans les autres de Depeche Mode, façon poupées russes. Sur scène, Dave Gahan, également accompagné de Christian Eigner à la batterie et Peter Gordeno au clavier, occupe tout l'espace, danse, tourne, entre en transe, rend hommage au King, communique avec son public. Dieu sur scène.