Def Leppard : Live From Detroit
Drôle d'histoire que celle de Def Leppard. Issu de la fameuse New Wave of British Heavy Metal au début des années 80 aux côtés de Iron Maiden (voir à ce sujet l'excellent Story of Metal, une bible !), le combo venu de Sheffield a principalement connu son heure de gloire de l'autre côté de l'Atlantique avec une série d'albums extrêmement populaires : High 'n' Dry (1981), Pyromania (1983) et surtout Hysteria (1987) vendu à 25 millions d'exemplaires depuis sa sortie. Un statut de légende accentué par l'histoire très mouvementée du groupe, marquée par les excès et des anecdotes improbables comme l'amputation de leur batteur Rick Allen en 1985 suite à un accident de voiture, faisant de lui l'un des rares batteurs manchots de l'histoire du rock. Et pourtant, malgré tout cela, la réputation de Def Leppard auprès des fans de Heavy Metal reste un ardent sujet de débat tant leur son, particulièrement commercial à partir du milieu des années 80, est devenu le symbole d'une pop métal calibrée pour les radios.
Reste que, malgré les années, les drames et les modes, Def Leppard est toujours là, signant en 2016 un come‑back remarqué avec son album sobrement nommé Def Leppard. Et c'est cet état esprit que l'on découvre le long de And there Will be a Next Time, live enregistré durant l'été 2016 à Detroit : celui d'un groupe qui a survécu à tout et qui continue de tracer sa route. Un concert doucement ringard d'une formation dont la constance est aussi remarquable que son inadéquation avec notre époque. Les morceaux récents mal fichus se mélangent avec les classiques passés (Rock of Ages, Photograph) pour former un voyage vers une époque déjà bonne pour les musées. Avec leur rock pompier, rempli de refrains aux mélodies lourdement épiques, Def Leppard existe dans un entre‑deux très particulier entre rock et soupe. Et pourtant, impossible de ne pas avoir du respect pour un tel anachronisme sonore. Sur scène, les interprétations sont franches et efficaces. Le guitariste Phil Collen se balade toujours avec le torse enduit d’huile entre deux solos. Et à la batterie, Rick Allen impressionne autant par sa technique que par son enthousiasme sincère, un sourire sur les lèvres d’un bout à l’autre du show.
Et cette joie bon enfant est bien symbolisée par le public : un grand rassemblement de cinquantenaires dans une salle uniquement constituée de places assises, bougeant mollement mais avec plaisir, régulièrement occupés à prendre des vidéos sur leur smartphone de ce bout de leur jeunesse qui revit sur scène. Pendant qu'ils interprètent leur classique Hysteria, des images du groupe dans les années 80 apparaissent sur les écrans de la scène, datant de l'époque où ils remplissaient des stades. En 2017, la salle est un peu plus petite, les visages ridés, le style vestimentaire… embarrassant. Mais ils sont toujours là. Alors peu importe si ce live sans grâce n'est d'aucun intérêt pour le grand public : il s'adresse à ceux qui aiment encore Def Leppard en 2017 et uniquement à eux.