Deepwater
Golfe du Mexique, 2010. Le pétrolier BP fore un puits à toute allure sur une plateforme vieillissante. Pressés d'en finir avec un retard récurrent, les dirigeants prendront de mauvaises décisions contre l'avis des techniciens expérimentés du site, Jimmy Harrell (Kurt Russell) et Mike Williams (Mark Wahlberg) en tête. Sous pression, locataires de la plateforme et exploitants vont s'affronter jusqu'à ce que l'irréparable se produise : l'explosion du puits qui aboutira à la plus grande catastrophe pétrolière et marée noire de l’histoire, faisant onze morts parmi le personnel vivant et travaillant à bord.
Peter Berg aime les histoires filmées à hauteur d'hommes. Il va être servi. À partir d'une enquête du New York Times, écrite par David Barstow, David S. Rohde et Stephanie Saul, il reconstitue les dernières heures de la plateforme Deepwater Horizon au plus près des faits réels et avérés.
Tout démarre par une scène d'exposition brillante qui présente à la fois le déchirement de la cellule familiale à chaque départ en mer et la reconstitution de l'éco‑système professionnel et amical à bord. En 15 minutes, on a tout compris de l'art du forage, de l'esprit d'équipe qui règne sur la plateforme. Une séquence assez géniale.
Puis survient l'introduction du grain de sable en la personne de Donald Vidrine (John Malkovich), tête pensante et malfaisante qui va bloquer les rouages bien huilés sur l'autel de l'or noir et au mépris des règles de sécurité élémentaires. S'ensuit un suspense à base de tuyaux, de pompes de forage et de boue qui aurait pu lui aussi tourner à la catastrophe. C'était sans compter sur le savoir‑faire de Berg qui ne conçoit jamais action sans empathie avec ses personnages. Pas un seul n'est laissé sur le côté et ceux qui semblent se démarquer sont des hommes comme les autres, juste dotés d'un petit supplément de courage (Kurt Russell, en vieux briscard, apporte beaucoup au film). Et c'est toute la réussite de ce film catastrophe au rythme infernal qui ne se départit jamais de ses enjeux humains.
Après Du sang et des larmes (déjà avec Mark Wahlberg), Peter Berg poursuit dans la veine du blockbuster microdosé efficace, avec supplément d'âme salvateur. On ne peut qu'apprécier.