Deadpool & Wolverine
Déçu de ne pas intégrer les Avengers, Deadpool aspire désormais à une vie normale sous son identité Wade Wilson. C’était sans compter l'agent Paradox du Tribunal des variations anachroniques (TVA), qui menace de détruire son monde. Pour empêcher cela, Deadpool va devoir faire revenir d’entre les morts (et surtout d’un autre univers) un certain Wolverine…
Les fans et les (grands) enfants d’abord
S’il faut bien avouer que le film de Shawn Levy est ce que Marvel a fait de mieux depuis bien des années, le film reste néanmoins recommandé aux fans hardcore du MCU. Surtout s'ils n'ont pas froid aux yeux.
On connaît l’histoire : suite à l'acquisition de 21st Century Fox par Disney, le personnage de Deadpool, interprété par Ryan Reynolds, et celui de Wolverine, incarné par Hugh Jackman, intégraient de fait la maison de la souris aux grandes oreilles. Ce Deadpool & Wolverine entérine en beauté leur entrée au sein du MCU. Une entrée fracassante que les deux personnages ne font pas seuls. Dans leur besace : pas mal d’autres super‑héros dont la Fox avait jusque‑là les droits, quitte à s’amuser avec les spectateurs, d’un acteur ayant travaillé pour les deux maisons (Fox et Marvel, donc) ou même d’un autre pressenti pour intégrer le MCU, sans jamais l’avoir fait. Jusqu’à présent…
On ne vous dira rien pour ne pas gâcher votre plaisir. Sachez juste que vous en aurez pour votre place de cinéma. Même si tous ces caméos sont en fait bien décevants, car finalement souvent trop courts ou sous‑exploités. Mais ces apparitions incongrues et les roast sur, au choix Fox/MCU/Marvel, sont tout de même très drôles, surtout quand Deadpool brise le quatrième mur pour en rajouter une couche sur feu la Fox. Il ne tire pas sur l’ambulance : il l’atomise, littéralement ! Tout cela reste malgré tout un peu trop technique pour qui ne s’intéresse pas à l’arrière‑cuisine Marvel et consorts. Il sera même facile de passer à côté du film si l'on n’est pas armé des bonnes références, pour la plupart aussi pointues que les griffes de Logan.
Moralité : on peut sciemment faire un film popcorn à destination des fans de super‑héros, mais à force, le popcorn, c’est indigeste. Car il n’y a pas que les vannes méta. Il y en a beaucoup d’autres, étant donné que c’est un peu la spécialité du personnage de Deadpool. Il ne se prend jamais au sérieux. L’antithèse même de Wolverine, taiseux et bougon. D’ailleurs, le duo chien (loup) et chat fonctionne à merveille et c’est un peu ce qu’on garde du film, l’histoire n’étant que prétexte à des vannes ultra‑référencées et à des guests improbables qui cachetonnent visiblement. Mais on les excuse. La méchante du film est insipide et l’action, répétitive.
À gore et à cris
Visiblement, Shawn Levy et Ryan Reynolds (tous deux au scénario) se sont fait plaisir en imaginant les scènes de combats les plus what the fuck et donc kiffantes pour les amateurs, et surtout à base de violence gratuite. Comme le fait d’ailleurs remarquer non sans ironie Deadpool au tout début du film. Rien que dans l’introduction du film, ce dernier se bat littéralement à coups de tibias du squelette de Wolverine. Le ton est donné.
Malheureusement, n’est pas la série The Boys qui veut. Les giclées de sang et les démembrements, Disney gère visiblement moins bien. Le second degré dans le gore est avant tout une question de dosage et d’inventivité. Ici, nous sommes clairement plus dans la profusion que dans la subtilité, voire l’ironie. La violence gratuite à outrance, à la fin, ça se paie !
Clairement, le film aurait bénéficié de moins se complaire dans l’ultra‑violence souvent bien inutile et pas forcément graphique. N’est pas Matthew Vaughn qui veut non plus. Surtout que ses deux héros sont quasi invulnérables comme chacun sait, du coup, on voit mal l'intérêt. Reste un bel affrontement en voiture où Hugh Jackman démontre qu’à 55 ans, il peut encore donner de bons coups de griffes.
Au final, ce Deadpool & Wolverine est à réserver aux fans auxquels qui il est clairement destiné, pourvu qu’ils n’aient pas froid aux yeux. En ce sens, le film ne déçoit pas, c’était sa promesse…