David et Madame Hansen
Dans une clinique privée au cœur des Alpes suisses, Madame Hansen (Isabelle Adjani), patiente fortunée victime d'un choc traumatique dont nous apprendrons l'origine au mitan du film, est prise en charge par un ergothérapeute fraîchement débarqué (Alexandre Astier). Après des présentations plus que ratées, le médecin et sa patiente tentent une sortie en ville, sous prétexte de trouver une paire de chaussures à acheter. L'expérience anecdotique, sous l'impulsion de ce nouveau venu vierge de toute routine médicale, va peu à peu emprunter les chemins de la résilience.
En confrontant cette patiente à tout ce qu'elle tentait d'enfouir au plus profond d'elle‑même, tout en préservant cette fantaisie innée qui la caractérise, le jeune médecin démontre tous les bienfaits des méthodes alternatives, des tentatives de sortie des protocoles, pour remonter aux origines des traumas. En ligne de mire, la progression coûte que coûte, et non le statu quo (à quel point l'aide médicamenteuse, qui stabilise évidemment les patients, les maintient‑elle aussi dans un état végétatif proche de la dépendance ?).
Évidemment, tout passe ici par le dialogue, une des grandes spécialités d'Alexandre Astier, dont on savoure quelques instants magiques. Si son film, volontiers bavard, pèche aussi par quelques maladresses et un manque d'audace formelle, son univers tragi‑comique est d'un raffinement rare. Impossible aussi de ne pas voir la renaissance (au fond d'une piscine, tiens donc) d'une grande actrice qui brille sous nos yeux. Rien que pour cela, apprécions ce David et Madame Hansen comme une belle tentative française de sortir des sentiers battus.