Dans la vallée d'Elah
Paul Haggis (réalisateur du compassionnel Collision, scénariste de Million Dollar Baby et protégé de Clint Eastwood dont l’appui auprès de la Warner a permis au film de voir le jour) s’interroge ici sur le sort de ces dizaines de milliers de jeunes soldats US à qui on a fait croire qu’ils pouvaient (et devaient) vaincre l’ennemi Goliath, quelque part au Proche-Orient, pour une cause aussi imprécise que violemment décrétée par leur président.
Hank Deerfield (Tommy Lee Jones, austère et puissant), vétéran du Vietnam, est le père de l’un de ces jeunes militaires, Mike, disparu au cours de sa première permission. L’homme plie bagage, rassure sa femme déjà éprouvée par la perte d’un premier fils (dans le Golfe ?) et décide de mener sa propre enquête.
Laquelle tourne court puisque très vite, sa progéniture est retrouvée en morceaux calcinés aux abords d’une base militaire du Nouveau-Mexique. Avec l’aide d’un inspecteur de police local (Charlize Theron), Hank tente de faire la lumière sur l’assassinat en même temps qu’il découvre, via des bandes vidéo récupérées sur le téléphone portable de son fils, des bribes chaotiques de la guerre et découvre l’impensable : en Irak, la guerre ça fait des morts et ça perturbe ceux qui y participent. Soit ce que les militants du dimanche appellent un film engagé.
Survendu (et sérieusement) comme premier « grand film » consacré aux conséquences du conflit irakien sur la société américaine, Dans la vallée d’Elah réécrit constamment l’Histoire récente de l’Amérique (le Vietnam, c’était propre, l’Irak, c’est sale !). Cerise sur le gâteau : forme télévisuelle aplatie et récit rebattu dopé par un casting poids lourd.