Dalton Trumbo
Au moment où la Guerre Froide bat son plein dans le monde, aux États‑Unis, Donald Trumbo, scénariste émérite à Hollywood, est placé sur la fameuse « liste noire ». Il va alors tout faire, avec l’aide de sa famille, pour contourner cette interdiction de tourner.
Sur le papier, le parcours sulfureux et le destin atypique de Dalton Trumbo laissaient présager un biopic passionnant et tragique à la fois. Ce n’est visiblement pas ce chemin‑là que Jay Roach, le réalisateur de Dalton Trumbo, a choisi d’emprunter.
Outre les raccourcis historiques, on constate très vite que tout ce qui pouvait heurter, interroger ou surprendre a été écarté du scénario, au point de vider totalement de sa substance le personnage de Trumbo. La narration devient anecdotique et la représentation du Maccarthysme aseptisée.
Si Bryan Cranston tente désespérément de trouver un nouveau rôle à la mesure de son talent depuis sa prestation inoubliable dans la série Breaking Bad, il ne fait qu’imiter le personnage, restant très loin de l’incarnation à laquelle on pouvait légitimement s’attendre. Si on ajoute à cela une reconstitution de l'époque qui sonne systématiquement faux, on se demande quel était le véritable but de ce biopic : sublimer un personnage complexe, victime expiatoire du Maccarthysme, ou bien tourner un biopic lisse et sans heurt, visant exclusivement une statuette aux Oscars pour son interprète principal ?
Force est de constater qu’au final, c’est clairement la deuxième option qui a été choisie. Pour le grand film historique promis et attendu sur le personnage, il faudra encore attendre.