Daaaaaalí !
Judith, une journaliste française, rencontre Salvador Dalí à plusieurs reprises, d'abord pour une interview, que Dalí refuse, puis pour un documentaire.
Dupieux en mieux
Quentin Dupieux, l’homme qui filme plus vite que son ombre, aura donc commis au début de l’année Daaaaaali !, une comédie d’à peine 1h20 sortie en février, puis Le deuxième acte, présenté à Cannes en mai dernier. Et l’année n’est pas encore terminée.
Pour en revenir à ce faux biopic sur le peintre catalan, c’est une bonne surprise, si on met de côté les travers du réalisateur qui cultive le minimalisme et les concepts. Ici, le parti pris est de rendre hommage à l’une des figures les plus extraordinaires du siècle dernier : Salvador Dalí. La bonne idée de Dupieux est de ne pas avoir cherché le réalisme ou à tourner un énième biopic (genre très à la mode en ce moment), mais plus une évocation non seulement de ses multiples périodes artistiques, mais aussi de ses nombreuses personnalités publiques. L’homme était protéiforme, le film aussi. D’ailleurs, le peintre est interprété par pas moins de six acteurs différents (Édouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand ou encore Boris Gillot). Évidemment, ces incarnations sont inégales et vont du cabotinage grossier à la grande partition subtile. Étonnamment, n’est pas le meilleur acteur, celui qu’on aurait cru…
Le tout donne un film très inégal. L’explosion des temporalités n’aide pas et les obsessions très Quatrième dimension de Dupieux (nous ne spolierons pas), non plus. Tour à tour : on rigole, on est atterré, on s’ennuie et on s’émerveille.
New Dali
Au final, si le film est un bel hommage à la folie créatrice de l’artiste catalan auquel, visiblement, le cinéaste révérait d’être comparé. Force est de constater que le film est non seulement très référencé ‑à part avoir arpenté les couloirs d’une école d’art, on sent vite que l’on passe à côté de nombreuses références‑ et sent beaucoup l’entre‑soi du cinéma. Sans parler de l’hommage cinéphilique à peine voilé à Buñuel…
Chacun y allant (ou essayant) de sa prestation remarquable. Dans ce casting qui sent bon la testostérone quinqua, Anaïs Demoustier sort son épingle du jeu, mais pour un rôle de passe‑plat ou du moins de passe performance d’acting. Dommage. On sent que le réalisateur a vite été dépassé par l’ampleur de son sujet et de son rapport à l’image (et aux médias). La mise en abyme ne fonctionne pas vraiment. La critique de la société du spectacle ne passe jamais réellement. Reste un film sympathique, vaguement surréaliste, pas à la hauteur de Dalí. Mais qui peut l’être ?