par Nicolas Bellet
18 juin 2024 - 09h57

Daaaaaalí !

année
2024
Réalisateur
InterprètesÉdouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier
éditeur
genre
sortie
18/06/2024
notes
critique
7
10
A

Judith, une journaliste française, rencontre Salvador Dalí à plusieurs reprises, d'abord pour une interview, que Dalí refuse, puis pour un documentaire.

Dupieux en mieux
Quentin Dupieux, l’homme qui filme plus vite que son ombre, aura donc commis au début de l’année Daaaaaali !, une comédie d’à peine 1h20 sortie en février, puis Le deuxième acte, présenté à Cannes en mai dernier. Et l’année n’est pas encore terminée.


Pour en revenir à ce faux biopic sur le peintre catalan, c’est une bonne surprise, si on met de côté les travers du réalisateur qui cultive le minimalisme et les concepts. Ici, le parti pris est de rendre hommage à l’une des figures les plus extraordinaires du siècle dernier : Salvador Dalí. La bonne idée de Dupieux est de ne pas avoir cherché le réalisme ou à tourner un énième biopic (genre très à la mode en ce moment), mais plus une évocation non seulement de ses multiples périodes artistiques, mais aussi de ses nombreuses personnalités publiques. L’homme était protéiforme, le film aussi. D’ailleurs, le peintre est interprété par pas moins de six acteurs différents (Édouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand ou encore Boris Gillot). Évidemment, ces incarnations sont inégales et vont du cabotinage grossier à la grande partition subtile. Étonnamment, n’est pas le meilleur acteur, celui qu’on aurait cru…


Le tout donne un film très inégal. L’explosion des temporalités n’aide pas et les obsessions très Quatrième dimension de Dupieux (nous ne spolierons pas), non plus. Tour à tour : on rigole, on est atterré, on s’ennuie et on s’émerveille.

New Dali
Au final, si le film est un bel hommage à la folie créatrice de l’artiste catalan auquel, visiblement, le cinéaste révérait d’être comparé. Force est de constater que le film est non seulement très référencé ‑à part avoir arpenté les couloirs d’une école d’art, on sent vite que l’on passe à côté de nombreuses références‑ et sent beaucoup l’entre‑soi du cinéma. Sans parler de l’hommage cinéphilique à peine voilé à Buñuel…


Chacun y allant (ou essayant) de sa prestation remarquable. Dans ce casting qui sent bon la testostérone quinqua, Anaïs Demoustier sort son épingle du jeu, mais pour un rôle de passe‑plat ou du moins de passe performance d’acting. Dommage. On sent que le réalisateur a vite été dépassé par l’ampleur de son sujet et de son rapport à l’image (et aux médias). La mise en abyme ne fonctionne pas vraiment. La critique de la société du spectacle ne passe jamais réellement. Reste un film sympathique, vaguement surréaliste, pas à la hauteur de Dalí. Mais qui peut l’être ?

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Prix : 24,99 €
disponibilité
18/06/2024
image
1 BD-50, 80', couleurs
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
7.5
10
image

Douce, presque blanche, naturelle, on a la sensation de retrouver la lumière de Portlligat, le petit hameau près de Cadaqués en Espagne où habitait Dalí, sur le front de mer. Assez sobre et épurée finalement pour placer le personnage si exentrique au centre de l'écran, l'image du film n'est pas dénuée de charme pour autant. 

7
10
son

Deux coups de feu, une explosion, mais surtout une petite ritournelle qui vous entête à vous rendre fou. Un seul accord sur tout un film, il fallait le faire pour QD, alias le DJ Mr. Oizo. Alors 5.1 ou 2.0, franchement peu de différences…

7.5
10
bonus
- Entretien avec Quentin Dupieux, Jonathan Cohen, Edouard Baer (captation SensCritique)
- Daaaaaalí à la plage : extrait du documentaire Filmer fait penser, réalisé par Charles Bosson
- Rencontre avec Salvador Dalí : réalisé par Pierre Jourdan (archive INA 1971)

Trois superbes compléments qui disent beaucoup du travail de QD. L'extrait du documentaire Filmer fait penser de Charles Bosson est intéressant à plus d'un titre. Il donne pour une fois la parole à l'équipe technique (chef électro, ingénieur du son…), mais montre aussi le réalisateur au travail, sur le tournage d'une séquence en particulier (la Limousine sur la plage). Toujours dans le mouvement, dans l'action, lui seul connaît les prochains plans à venir, ce qui semble assez déstabilisant pour l'équipe technique, qui témoigne avoir du mal à anticiper le mouvement d'après. Mais les acteurs ne s'ennuient pas, pas le temps, l'énergie reste la même d'un bout à l'autre. Au bout d'un moment, QD s'isole, vérifie que ses rushs numériques s'enchaînent bien, quitte à faire un début de montage rapide pour en avoir le cœur net. Et c'est reparti pour une nouvelle séquence sur les chapeaux de roues. 

 

L'archive Ina montrant un Salvador Dalí en interview très proche de celui du film vaut absolument le détour. Un moment unique comme on n'en voit malheureusement plus. On remarquera au passage qu'un panneau donne le titre du dernier long métrage de QD, présenté à Cannes cette année. Tout semble lié, alors que le projet sur Salvador Dalí remonte à cinq ans. 

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