par Cédric Melon
20 octobre 2023 - 19h08

D'argent et de sang

année
2023
Réalisateur
InterprètesVincent Lindon, Niels Schneider, David Ayala, Judith Chemla, Olga Kurylenko, Yvan Attal, Ramzy Bedia
plateforme
genre
sortie
12/04/2024
notes
critique
5
10
label
A

Pour sa première série, Xavier Giannoli (L’apparition, Illusions perdues) se paie un casting trois étoiles et livre un thriller haletant sur fond d’arnaque du siècle des quotas carbone.


Librement inspirée du livre‑enquête sur « les escrocs du CO2 » de Fabrice Arfi (paru en 2018 aux Éditions du Seuil), la série revient avec moult précisons et une fluidité déconcertante sur les faits d'armes d'une bande d'escrocs de Belleville qui, à la fin des années 2000, ont détourné de l’argent public grâce à un système financier censé lutter contre la pollution. Une escroquerie monumentale, dite « fraude à la taxe carbone », survenue entre 2008 et 2009 en France et en Europe, à l’origine du détournement de centaines de millions d’euros.

 

Un comptable pas comme les autres…

Pour raconter cette histoire rocambolesque basée sur des sociétés‑écran ouvertes et fermées à la chaîne, le cinéaste va prendre son temps (12 épisodes) et inscrire son récit du point de vue des autorités, incarnées par un personnage de fiction, Simon Weynachter (Vincent Lindon), le directeur du service national de douane judiciaire. Au hasard d’une perquisition, Weynachter et ses équipes mettent au jour une arnaque à la TVA apparemment banale, impliquant deux escrocs tunisiens du quartier populaire de Belleville, Fitous et Bouli, le comptable brillant mais perché du petit groupe. Ils établissent une connexion avec un mystérieux trader des beaux quartiers, Jérôme Attias. Pour Weynatcher, la quête de vérité et la traque de ces escrocs vont tourner à l’obsession.

 

Fêtes orgiaques et gros délires

Un récit dense et sans cesse en mouvement où personnages épiques et points de vue se confrontent sans arrêt : la rigueur institutionnelle et l’austérité des chambres du Parlement d'un côté, les dorures des palaces, les jets privés et les fêtes orgiaques organisées avec les milliards volés, de l'autre… La mise en scène, au service du récit fractionné par des flashbacks et soutenue par le rythme magnétique de la bande originale de Rone, fait immédiatement penser au montage percutant d'Oliver Stone pour JFK (une inspiration évidente de Xavier Giannoli).

 

Ramzi Bedia et Vincent Lindon, parfaits

Outre Vincent Lindon, parfait en enquêteur obsessionnel, le reste du casting, de Niels Schneider à David Ayala en passant par Judith Chemla, Olga Kurylenko et Yvan Attal, est à la hauteur de la mise en scène au cordeau et du récit. Avec une mention toute particulière pour Ramzy Bedia qui, en incarnant Alain Fitoussi alias Fitous, un Juif tunisien qui a fait l’école de la rue, parvient à donner à son personnage une humanité et une densité peu évidentes. Il crève l’écran. À noter que la série sera diffusée en deux temps, une première salve de 6 épisodes et une seconde cet hiver.

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Tous publics
disponibilité
16/10/0023
image
12 x 56 minutes
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
SDR
16/9
bande-son
Français Dolby Atmos
Français Dolby Digital Plus 5.1
Français Audiodescription
sous-titres
Français
8
10
image

Toujours en mouvement, riche de décors variés et grand luxe dans leur reconstitution très réaliste, la série vole largement au‑dessus du tout‑venant du moment. Xavier Giannoli a toujours su nous plonger dans des univers singuliers, dans le sillage proche de ses personnages, et nous le prouve une fois de plus. L'Ultra HD 4K fait honneur à son travail, à son questionnement sur le cadre, les couleurs et les transparences. Une dimension cinématographique évidente.

7
10
son

Magnétique, moderne, dotée de variations de rythmiques jamais heurtées, la BO de Rone nous plonge dans une atmosphère folle et cohérente avec le récit. Une bande‑son ciselée qui fait le job même si les effets Atmos ne sont ni légion ni impressionnants. Dommage mais tout de même brillant.

0
10
bonus
- Aucun

Rien et c'est vraiment dommage. On pourra toutefois voir les « escrocs originaux » dans la série documentaire assez hallucinante de Netflix, Les rois de l'arnaque.

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