Copie conforme
C’est un événement : le cinéaste iranien Abbas Kiarostami signe un film qui ne provoque ni migraine ni soudaine envie de dormir. Avec Copie conforme, Kiarostami sort enfin de son pays natal et pose sa caméra en Italie, dans un village de Toscane. Du propre aveu du cinéaste, Copie conforme naît lorsqu’il s’interroge sur la capacité d’Isabelle Adjani à parler arabe. Le projet évoluera, on y perdra certes au change (Binoche à la place d’Adjani), mais nous voici aux côtés d’une femme et d’un homme qui se promènent et conversent, entre drague discrète et joute intello.
Elle est galeriste, installée en Toscane depuis quelques années. Lui est écrivain, de passage pour une conférence. Mais une question taraude notre esprit, qui structurera l’ensemble du film à venir : viennent‑ils à peine de se rencontrer comme on l'imagine d'abord ? Ou bien sont‑ils mariés depuis quinze ans comme on le pensera ensuite ? Dès lors, Kiarostami décline partout cette idée de la copie, conforme ou non, entre les différentes périodes de la vie (sont‑elles amenées à se répéter ?), entre l’œuvre d’art et l’original qu’elle est censée représenter ? Si le style de Kiarostami n’a guère changé, le ton ludique et parfois léger du film apporte une fraîcheur qui, jusque‑là, lui faisait gravement défaut. À voir.