Copacabana
On l’a un peu oublié, mais Isabelle Huppert n’est pas que cette femme froide et névrosée, sèche et glaçante que Michael Haneke, Claire Denis ou Benoît Jacquot ont mis en scène à satiété. Huppert, c’est aussi un petit bout de femme pince‑sans‑rire capable d’être drôle et pétillante, comme elle le fut dans Les valseuses de Blier en 1968.
Dans cette comédie plutôt réussie, Marc Fitoussi exploite donc le versant spirituel de l’actrice qui incarne ici Babou, une mère désinvolte qui, un jour, décide de rentrer dans les clous d’une vie sérieuse et bourgeoise, afin de faire plaisir à sa fille Esméralda (Lolita Chammah, propre fille de Huppert dans la vie), sur le point de se marier. La voilà donc qui part pour Ostende et tente de mener une vie normale : travailler (vendre des appartements en multipropriété), être sage, se socialiser. Mais Babou ne rêve que de partir au Brésil (d’où le titre du film).
« Personnage central à l’éthique libertaire, Babou, explique Fitoussi, aussi inconséquente et sourde à son entourage soit‑elle, incarne une vitalité en résistance face à la morosité ambiante et à tous ceux qui se dessèchent dans un devoir frileux. Pour la mélancolie qui traverse le film, j’ai choisi Ostende dont j’aime l’atmosphère d’austérité et de désuétude ». Fitoussi, dont c’est le deuxième film après La vie d’artiste, s’en sort plutôt avec les honneurs. Pas révolutionnaire mais rafraîchissant.