par Jean-Baptiste Thoret
19 décembre 2013 - 10h21

Conversation secrète

VO
The Conversation
année
1974
Réalisateur
InterprètesGene Hackman, John Cazale, Frederic Forest
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Palme d’or au Festival de Cannes en 1974, Conversation secrète (The Conversation) n’est pas le plus connu des films de Francis Ford Coppola, dont on retient plus volontiers les grandes fresques opératiques que sont Apocalypse Now et bien sûr la trilogie des Parrain.

Pourtant, le sixième film de Coppola occupe une place de choix au sein d’une filmographie prolixe, qui a traversé et incarné l’âge d’or du Nouvel Hollywood, connut des jours plus difficiles au cours des années 1980, avant de retrouver un second souffle au début des années 2000.

Harry Caul (Gene Hackman), décrit comme le meilleur expert en écoute téléphonique de la côte Ouest, vit dans un appartement protégé et, occasionnellement, sort avec une femme qui ne sait rien de lui. Son seul plaisir semble être son saxophone et sa collection de disques de jazz. Un jour, il est engagé afin de suivre un couple et enregistrer leurs conversations. De retour chez lui, il écoute les bandes et se convainc que le couple en question court un danger mortel. Caul refuse alors de remettre les bandes à son commanditaire et décide de mener lui‑même l’enquête.

Conversation secrète marque pour Coppola le retour à un type de film plus intimiste, plus confidentiel aussi, très éloigné du grand barnum que fut Le parrain. Il faut rappeler qu’adolescent, le jeune Coppola adorait bricoler des dispositifs électroniques, afin de mettre le téléphone de ses parents sur écoute. Il avait même imaginé, enfant, planter des microphones dans les radiateurs du salon familial afin de savoir ce que ses parents projetaient de lui offrir pour Noël.

Des années plus tard, en 1966, cette fascination pour la surveillance, et plus précisément pour la puissance de la technologie, prendra un nouveau tour au cours d’une conversation avec le réalisateur Irvin Kershner (Les yeux de Laura Mars), lequel lui apprend l’existence de micros ultra‑puissants, capables d’isoler des voix au milieu d’une foule et de les enregistrer. Conversation secrète, comme un écho à cette découverte, s’ouvre ainsi par une séquence issue de cette discussion puisque, sur Union Square, à San Francisco, on suit le travail d’un groupe d’experts en écoutes téléphoniques, en train de braquer leurs micros‑fusils en direction d’un couple dont ils cherchent à capter la conversation.

Coppola continue à faire des recherches sur les techniques sonores de pointe, les systèmes d’enregistrements, légaux et illicites, et rencontre notamment Bernard Spindel, un expert qui avait travaillé pour le compte de Jimmy Hoffa, le leader du syndicat américain des camionneurs, les Teamsters. En 1967, Coppola s’attelle enfin à l’écriture du scénario de Conversation secrète et façonne son personnage principal, Harry Caul, sur le modèle de Hal Lipset, un magicien du son qui fut chargé d’analyser, au cours de l’enquête sur le Watergate, les fameuses 18 minutes « vierges » des enregistrements de la Maison‑Blanche. Lipset sera d’ailleurs crédité au générique du film comme consultant.

Conversation secrète n’est pas seulement l’une des œuvres les plus personnelles et subtiles de son auteur, c’est aussi un chef‑d’œuvre. Un des musts de cette fin d'année en vidéo.

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The Conversation
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
06/11/2013
image
BD-50, 114', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français
7
10
image
Le film date du milieu des années 70, alors forcément tout n'est pas parfait. On note un grain léger en arrière‑plan et un niveau de contraste insuffisant dans les scènes sombres. Cela dit, sur la majeure partie du long métrage, la définition et la dynamique générale de l'image rendent hommage au travail de Bill Butler sur ce film tourné à San Francisco.
7
10
son
Le son de ce thriller d'espionnage est évidemment particulièrement soigné, même si le découpage en 5.1 reste très approximatif. Il profite surtout d'une bande originale jazz plutôt feutrée, avec plusieurs artistes au menu dont Duke Elligton, Sammy Afin, Hughie Cannon ou encore Paul Desmond. La restitution des différents morceaux reste toutefois très frontale, les enceintes surround n'étant quasiment pas utilisées. Notez qu'en VO, la présence des dialogues est moins écrasante qu'en VF et que les ambiances sont bien plus présentes. Avec même de temps en temps, un petit coup de main du subwoofer, mais ça reste rare.
8
10
bonus
- Commentaire audio du réalisateur
- Commentaires du sound designer Walter Murch
- Making of d'époque (9')
- Essais de Cindy Williams (5')
- Essais de Harrison Ford (7')
- Interview de Francis Ford Coppola sur son premier film alors qu'il était étudiant (2')
- Comparaisons entre les lieux du tournage d'hier et d'aujourd'hui (4')
- Interview de David Shire, le compositeur, par Coppola lui-même (11')
- Interview de Gene Hackman (4')
- Dictée du scénario par le réalisateur (49')
- Coppola à la Femis (23')
- Bande-annonce
Avec deux pistes de commentaires audio, des interviews, des bouts d'essai, des images d'époque, une visite des lieux du tournage et un module (déjà vu sur d'autres films) capté à la Femis, cette interactivité est richissime. Un must là encore.
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