Contre-enquête
À New York, le lieutenant Mike Brennan est une figure emblématique, une légende de la police. Pourtant, un soir, il abat froidement Tony Vasquez, un gangster notoirement connu. Si plusieurs témoins affirment qu’il a agi en état de légitime défense, le jeune Al Reilly, chargé de la rédaction du procès‑verbal, ne tarde pas à avoir des doutes sur la véracité des faits.
Ce polar noir, poisseux, politiquement incorrect, percutant et sans limite force l’admiration. Il met en scène un univers lugubre et sans concession qui plonge le spectateur dans une société gangrenée, désarmée, amère et corrompue.
Au‑delà de l’atmosphère incroyable et de l’intrigue policière, qui finalement ne présente guère d’intérêt, Sidney Lumet se focalise sur ses personnages, qui errent dans le film comme des âmes en peine. Paumés, ratés ou blessés, mais tous fascinants, ils tentent de donner un sens à une vie quotidienne plongée dans la violence et la corruption.
Les dialogues sont incisifs, d’une rare violence. On se demande même s’il serait possible qu’un scénariste ose aujourd'hui les coucher sur un scénario sans être censuré. Comme le film, ils appartiennent à une époque révolue, celle où les héros étaient faillibles et complexes, et sonnent comme une piqûre de rappel salvatrice pour nous souvenir du polar, du vrai, du talent impérial de Nick Nolte et surtout de l'excellence de Sidney Lumet, à qui l'on doit notamment le chef‑d'œuvre 12 hommes en colère.