Coma, esprits prisonniers
Après un accident de voiture, un jeune amnésique découvre un univers étrange n’obéissant à aucune loi physique, mais constitué d’un empilement de souvenirs instables que partagent toutes les personnes dans le coma. Sauvé par quelques survivants des griffes de créatures cauchemardesques, les Reapers, le pauvre hère ignore s'il se trouve dans le monde réel, tandis que d'autres personnes semblables à lui semblent développer des pouvoirs spéciaux… La route sera longue pour comprendre ce qu’il fait là, comment il y est arrivé et qui sont ses compagnons d’infortune.
Au démarrage de la superproduction russe Coma, ce sont immédiatement d’autres films qui reviennent en mémoire, particulièrement les géométries folles de Matrix, Inception et Dr Strange. Malgré ces inspirations visuelles puissantes, on se rend vite compte que Coma esquisse moins une énième réflexion sur un univers virtuel piégé qu’un thriller d’anticipation à tiroirs.
Cette ambitieuse entreprise, riche en coups de théâtre petits et grands, promet d'être excitante. Elle va hélas être entravée par des écueils de plus en plus gênants. D’une part son casting : Rinal Mukhametov, qui incarne le héros, est certes bel homme, mais s’avère surtout un comédien peu expressif. Même combat pour la ravissante Lyubov Aksyonova, l’interprète d’une des survivantes avec qui l’amnésique va se lier. Seule exception à ce défilé de figures ternes, le personnage de Phantom, (Anton Pampushnyy), composé sans subtilité en antagoniste gentiment psychopathe.
Autre difficulté : Coma prend un temps fou à installer son principal levier ‑la découverte par le héros de son pouvoir‑ qui n’intervient qu’au bout d’une grosse demi‑heure. Puis le mouvement s’accélère furieusement via des flashbacks très (trop) démonstratifs jusqu’à un grand final bavard où le « méchant » commet une ultime et non sensique vilénie avant de s’expliquer à n’en plus finir.
Faute d’accroche psychologique ou émotionnelle avec des personnages en général très ternes, le spectateur ne peut donc s’intéresser au récit qu’à travers les scènes d’action spectaculaires, soutenues par d’impressionnants effets spéciaux numériques. Les architectures mobiles n'obéissant à aucune physique réelle sont effectivement soufflantes et offrent des décors très attrayants aux fusillades et aux poursuites. Reste qu'avec autant d’obstacles, il est difficile de se passionner pour Coma signé par le spécialiste des effets spéciaux Nikita Argunov (Mongol, Guardians).
Dommage, Coma comportait suffisamment de bonnes idées scénaristiques et visuelles pour donner bien plus qu’un agréable divertissement. La grande fresque dystopique ici en germe est, hélas, demeurée dans les limbes.