Colossal
Rien ne va plus pour Gloria (Anne Hathaway) : lassé de ses déboires éthyliques, son petit ami Tim (Dan Stevens) l’a gentiment poussée hors de son appartement, elle est au chômage et plus ou moins paumée. De retour à la maison familiale, elle retrouve Oscar (Jason Sudeikis), un vieux pote désormais propriétaire d’un bar. Il lui propose un job de serveuse, quoi de plus banal, si ce n’est que Gloria tient subitement le destin de Séoul entre les mains.
Une attaque de monstre(s) à l’autre bout de la planète connectée à l’existence ordinaire d’une jeune New‑Yorkaise un brin alcoolique, il fallait oser, le cinéaste espagnol Nacho Vigalondo (Open Windows, Timecrimes) l’a fait. Du jour au lendemain, Gloria ordonne donc la trame catastrophiste d’un Kaiju Ega (film japonais avec des monstres). Le challenge se fait d’autant plus ardu lorsqu’elle est sollicitée par un adversaire inopiné, car sous ses faux airs de buddy compatissant, Oscar réveille à son tour le monstre qui sommeillait en lui…
Le sort d’un pays entier dépend à la fois de leurs agissements et de leur confrontation finale, mais Vigalondo veille à mettre un filtre sur ce phénomène fantastique, relaté aux infos, donc à travers un écran télé. Catapultés au cœur d’un événement planétaire, ces deux êtres lambda ne se mettraient‑ils pas en fin de compte à l’épreuve de leurs démons intérieurs ? Soit la projection d’un tout petit monde ‑le leur‑ à l’échelle macrocosmique. Un enjeu de taille pour un petit film franchement réussi.