Colonia
Chili, 1973. Tandis que le général Pinochet accède au pouvoir par un coup d'État, des manifestants revendiquent leur opposition dans la rue. Parmi eux, Daniel (Daniel Brühl), un jeune photographe partisan du gouvernement de Salvador Allende. Lorsqu’il est arrêté par la police et envoyé dans un camp isolé dirigé par un ancien nazi, Lena (Emma Watson), sa petite amie, laisse tomber sa vie d’hôtesse de l’air et intègre le camp de son plein gré afin de le retrouver.
Faisant partie de la sombre liste des camps de travaux forcés maquillés en oasis communautaire sous la dictature de Pinochet, la Colonia Dignidad fondée en 1961 par Paul Schäfer (Michael Nyqvist) perpétue l’idéal concentrationnaire du Troisième Reich en un lieu reculé de la campagne chilienne. À travers la quête, étalée sur plusieurs mois, de Lena, c’est tout le système drastique et clivé de Colonia Dignidad qui s’impose à elle au quotidien. Florian Gallenberger (John Rabe, 2009) se sert ainsi d’une romance à haut risque pour pénétrer les dortoirs décatis du camp, les corridors souterrains qui mènent aux salles de torture, l’espace clos et misogyne dans lequel les délires d’un gourou ont valeur de prêches liturgiques. La tension née de cette enclave organisée est accentuée avec la tentative d’évasion du couple.
Le cinéaste allemand rend hommage à cette petite poignée de résistants (seulement cinq) qui ont échappé à la colonie, ainsi qu’aux centaines de milliers d’autres prisonniers disparus sous la dictature de Pinochet. À voir.