Cogan, la mort en douce
Présenté en compétition au Festival de Cannes 2012, Cogan avait quelque peu dérouté les festivaliers et la critique, tous persuadés d’avoir vu, au mieux, un thriller honnête et bien troussé, au pire, un produit de série comme Hollywood en produit des milliers. Disons que la vérité se situe sans doute quelque part entre les deux.
Andrew Dominik, le réalisateur de L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, s’attaque, après le western et ses valeurs, à la figure du gangster yankee, qu’il débarrasse de ses oripeaux mythiques : ici, les tueurs à gages sont bavards, plutôt engourdis, pas forcément efficaces et plutôt bas de plafond.
Le récit débute à la veille du duel qui, en 2008, opposa Barack Obama au candidat républicain John McCain. Soit l’occasion, pour Dominik, de ponctuer son film par des bribes des discours des deux hommes dont les mots et les pétitions de principe (la Nation, la valeur du travail, le peuple, etc.) semblent, au vu de ce qui se passe sous nos yeux, provenir de Mars.
L’effet de décalage produit entre une Amérique toujours prompte à se bercer d’illusions (le débat politique) et la réalité minable que montre le film, constitue sans doute sa meilleure part. Pour le reste, le scénario déroule avec paresse une intrigue convenue (les uns après les autres, des tueurs à gages tentent de supprimer les responsables d’un braquage raté), mais l’ambiance poisseuse de cet Americana sans relief et la présence de feu James Gandolfini (Les Soprano) dans le rôle d’un tueur dépressif méritent à eux seuls le détour.