Coffret Macbeth/Othello
D’un côté, un général écossais qui se lance dans une croisade sanguinaire sur les conseils insistants de sa femme afin de pouvoir accéder, un jour, au trône. De l’autre, un général vénitien qui sombre dans la folie et la jalousie maladive, à cause des manipulations de son valet et de son entourage. Deux figures « bigger than life » donc, deux adaptations très fidèles de l’œuvre de Shakespeare et à chaque fois, Orson Welles lui‑même aux commandes et devant la caméra, dans le rôle de ces hommes de pouvoir hallucinés.
Suite à l’échec de La dame de Shangaï, Welles, cinéaste génial et maudit, se tourne vers la pièce maudite de son auteur, Macbeth, et accepte d’en tourner une version pour un budget étriqué. Série B produite par la Republic, Macbeth se veut un hommage au cinéma muet expressionniste et Welles transforme les faibles moyens financiers dont il dispose en une solution esthétique : plongée dans la brume au milieu de décors en stuc pleins de lignes torturées et de formes étranges, l’histoire de Macbeth est transcendée par la mise en scène inventive de Welles. Mais après une première projection catastrophique, le producteur du film imposera un remontage (85 minutes seront ainsi sacrifiées). Le sort s’acharnait sur celui qui, au fond, n’aura au cours de sa carrière revendiqué qu’un seul film intégralement, Citizen Kane (La splendeur des Amberson et La soif du Mal ayant subi aussi diverses mutilations).
Quatre ans séparent Macbeth (1947) de Othello (1952), quatre ans au cours desquels Welles a été acteur dans les films des autres (Le troisième homme, Le génie du Mal) afin de trouver l’argent nécessaire à ce qu’il qualifiait à l’époque de « projet monstre ».
Le résultat est fascinant : comme toujours, c’est lorsqu’il est poussé dans ses retranchements artistiques (manque de moyens, problèmes de production, etc.) que Welles est le meilleur. Ici, tout est en plongée, en contre‑plongée, en éclairage baroque, en plans éclairs, en regards fous et furtifs, ce qui confère à ce film de 1952 (!) une incroyable modernité visuelle. Deux merveilles enfin disponibles en coffret Collecor ou à l'unité.