Coffret Les tontons flingueurs, Les Barbouzes, Ne nous fâchons pas
« Bougez pas ! Les mains sur la table. Je vous préviens qu'on a la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours ! »… « Moi, quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile ! Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle »… Et puis l’incunable, le classique, le proverbial : « Les cons ça ose tout ! C'est même à ça qu'on les reconnaît ».
Ces dialogues fameux écrits par Michel Audiard constituent quelques-unes des pépites célèbres de ces Tontons flingueurs, réalisé par Georges Lautner avec un trio de choc composé de Bernard Blier, Lino Ventura et Francis Blanche. Peu importe l’histoire (sur son lit de mort, le Mexicain fait jurer à un ex-truand, Fernand Naudin, de veiller sur sa fille et sur ses affaires, mais se heurte bientôt au clan Volfoni), le film de Lautner est une merveille d’humour, d’écriture, de dérision et d’hommages au film noir. De la scène de la cuisine qui cite celle de Key Largo de John Huston à ces gangsters qui semblent tout droit sortis de l’époque rêvée de la Prohibition, Les tontons flingueurs enfile les morceaux de bravoure, comme une succession de sketches écrits au cordeau et à la mitraillette. Assassiné par la critique institutionnelle à une époque où la mode était à la Nouvelle Vague (la même année sortait Le mépris de Godard), le film de Lautner a acquis depuis ses galons de film culte.
Avec Les Barbouzes, réalisé un an plus tard dans la foulée du succès des Tontons, Lautner pousse d’un cran le principe parodique et évacue définitivement toute forme de réalisme (« Un barbu, c’est un barbu, trois barbus, c’est des Barbouzes ! »). Même acteurs, mêmes techniciens, Audiard aux dialogues, Michel Magne à la musique, Les Barbouzes décrit les aventures rocambolesques de quatre malfrats à la recherche des brevets secrets légués par un trafiquant d’armes à sa veuve.
Sans atteindre la jubilation propre aux précédents opus, Ne nous fâchons pas (1965) clôt parfaitement la trilogie de Lautner. Blier et Blanche ne sont plus là, remplacés par Jean Lefebvre, Michel Constantin et la jeune Mireille Darc qui, aux côtés de Lino Ventura, s’agitent au milieu de cette nouvelle histoire de barbouzes, dans laquelle un truand retiré des affaires (Ventura) voit débarquer deux de ses anciens amis. C’est le début du chaos.
Une trilogie unique dans laquelle s’exprima, avec ironie et amour du genre, ce que Truffait appelait avec dédain, une certaine « qualité française ». Trois musts indémodables.