Cocorico
Bientôt mariés, Alice et François offrent à leur famille respective des tests ADN pour que tous puissent découvrir les origines de leurs ancêtres. Mais la surprise vire vite au vinaigre quand chacun découvre les résultats.
Comme des coqs en pâte
Porté par le duo Didier Bourdon/Christian Clavier réuni pour la première fois à l’écran, Cocorico est une comédie qui tient ses promesses : elle fait rire et pas qu’un peu. Pari réussi donc pour Julien Hervé, le réalisateur dont c’est le premier film. Le rythme est soutenu, les joutes verbales ciselées et le duel entre les deux stars de la comédie hexagonale fait des étincelles. Bien sûr, l’humour demeure assez hexagonal et attendu… Le film a les qualités de ses défauts mais parvient à ne pas trop coller à son père spirituel, Qu’est‑ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, et à ses suites. Cocorico, malgré son titre, est nettement moins chauvin et (légèrement) moins border xénophobe, ou du moins caricatural (pour être poli) que ce dernier.
Cocorico a la bonne idée de se concentrer sur ses deux têtes d’affiche, n’en déplaise à Sylvie Testud et Marianne Denicourt qui essaient tant bien que mal(e) d’exister. Autant l’ex‑Splendide que l’ex‑Inconnu nous en donnent pour notre argent, conscients de ce que l’on attend d’eux. Les deux stars ont indéniablement le timing comique et aiment jouer ensemble, cela se sent, cela se voit. Les vannes fusent, les mimiques aussi. Malheureusement, le film n'offre jamais plus que cela. Pour la subtilité, le cinéma ou une esquisse de message, on repassera. On rigole un peu honteux, on sourit, ce n’est sans doute déjà pas si mal.
Qu’est‑ce qu’on a fait au Bourdieu ?
Comme le dit si bien l’un des personnages du film : ce qui compte dans la vie, c’est ce que tu fais, pas ce que tu es. Dommage que la frilosité du réalisateur l’empêche de dépasser ce postulat. Son génial sujet de départ est malheureusement sous‑exploité. Une fois la situation posée, Cocorico reste sur ses rails de peur sans doute de dérailler vers un racisme ordinaire envers les Portugais, les Allemands, les Anglais et même les natifs américains…
Il y avait pourtant matière à jouer avec nos origines, le statut social des deux personnages principaux, à l’opposé l’un de l’autre. Pour Bourdieu (le sociologue), on repassera. Le film est calibré pour le dimanche soir télé et le public qui va avec. Clavier endosse encore une fois son costume de bourgeois de Neuilly (ici héritier d'un domaine viticole) et Bourdon, encore une fois, celui de bon franchouillard (ici concessionnaire auto). Heureusement, leur costume leur sied à merveille, même s'il est un peu élimé aux coudes, à force de l'enfiler.
Au début, ils ne peuvent pas se piffer, à la fin, ce sont les meilleurs amis du monde, et au milieu, il y a pas mal de flottements et de facilités. On nous épargne la scène larmoyante que nos comédies françaises adorent, mais il y a tout de même le (petit) passage féministe obligé et une porte ouverte à une éventuelle suite. Ouf, c’était moins une !
