Citadel saison 1
Le nouveau blockbuster sériel de Prime Video est une nouvelle démonstration navrante qu’un budget pharaonique (300 millions de dollars, soit 50 millions de dollars l'épisode !) n’est pas synonyme de réussite.
Tenter de rivaliser avec les franchises cinématographiques les plus juteuses
Il y a huit ans, Citadel tombait. L'agence d'espionnage internationale et indépendante, chargée de maintenir la sûreté et la sécurité de tous, a été détruite par des agents de Manticore, un puissant syndicat tirant les ficelles dans l'ombre. Avec la chute de Citadel, les agents d'élite Mason Kane et Nadia Sinh ont vu leurs souvenirs effacés alors qu'ils s'échappaient de justesse. Ils vivent depuis sous de nouvelles identités, en ignorant leur passé. Jusqu’au jour où…
Dès le synopsis, les intentions des créateurs Anthony et Joe Russo sont claires : rivaliser avec les franchises cinématographiques les plus juteuses et prestigieuses du genre, Mission impossible, James Bond, Jason Bourne et autre Kingsman. Et imposer le tandem Mason Kane (Richard Madden) et Nadia Sinh (Priyanka Chopra Jonas) comme le nouveau duo glamour choc référence du genre.
Graal d’un producteur fatigué ou résultat d'un scénario fumeux sorti d’un Chat GPT (un plomb…), ce qui pouvait sembler séduisant sur le papier ne fonctionne pas du tout à l’écran, et ce dès la scène d’ouverture.
Tout sonne faux
Tout commence par le plan, à l’envers (pourquoi, le mystère reste entier…), d’un train à l’intérieur duquel une femme en rouge déambule lascivement avant de s’assoir devant d’immenses fenêtres laissant apercevoir une vue imprenable sur un paysage réalisé en images de synthèse. C'est moche mais ce n'est pas tout. Dans le wagon, rien ne bouge, rien ne tremble, rien ne laisse à penser qu’on est en mouvement, même de manière imperceptible, tout est figé. Même la musique symphonique, partition recalée au premier tour d’un vieux James Bond, ne fait pas illusion. Bref, tout sonne déjà faux.
Arrive le héros, ersatz bondien en costume trois pièces qui débite très vite des dialogues navrants en plusieurs langues. S’en suit une bagarre aussi interminable qu’improbable où l’image est accélérée, puis ralentie, puis accélérée à nouveau dans une succession de plans sans queue ni tête. La fenêtre du wagon vole en éclats, pas d’appel d’air, ça pourrait décoiffer notre héros, même pas. La séquence se termine par la fausse explosion d’un faux train avec un faux raccord hideux, mixé dans un fourre‑tout numérique d’une laideur consommée. Et la suite n’est pas meilleure.
Les acteurs Richard Madden (Game of Thrones, Bodyguard) et Priyanka Chopra Jonas (Quantico), qui ont par ailleurs déjà fait leurs preuves, ne parviennent pas à jouer correctement. Il faut dire qu’ils sont plombés par des dialogues affligeants récités dans des décors qui n’existent pas et plongés dans des situations plus saugrenues les unes que les autres.
Quel gâchis
Fut un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre, où Citadel n’aurait même pas eu droit à son passage sur La Cinq de Berlusconi. Il faut malheuresement se rendre à l'évidence, en ce moment, les blockbusters sur les plateformes (Ghosted, AKA, Extrapolation…) se succèdent et se ressemblent dans leur manque d’audace, d'intérêt, d’ambition artistique, d’innovation et dans les budgets monstrueux qui leur sont alloués. Le jour où ces produits de consommation courant ne feront plus recettes, il n’en restera rien. Tout le monde les aura oubliés et personne n'aura plus jamais envie d’y revenir. Quel gâchis.