China Girl
À New York, deux gangs issus de quartiers frontaliers s’affrontent. Exaspérés par la communauté chinoise qui empiète peu à peu sur le territoire de Little Italy, des jeunes forcenés se mettent en tête d’empêcher la transformation progressive de leur quartier. La violence et les armes à feu font rage, tandis que Tye (Sari Chang) et Tony (Richard Panebianco), que tout devrait opposer, tombent éperdument amoureux.
China Girl remet au goût du jour la tragédie de Roméo et Juliette, le carcan familial qui les mène à leur perte étant ici symbolisé par les frères respectifs de Tony et Tye. Tous deux tentent de préserver leur communautés, eux‑mêmes instrumentalisés par des parrains abusifs et indifférents.
Avec un style explosif, le cinéaste Abel Ferrara (King of New York, Bad Lieutenant) déplace une romance intemporelle sous les néons et les enseignes lumineuses des quartiers populaires de New York. L’amour et sa promesse de tragédie se partagent ainsi clandestinement au détour d’une rue, jamais à l’abri de règlements de comptes et des fusillades enragées. Parfois, le poids des traditions est tel et le rejet de l’autre une donnée si indépassable, que la fuite ou la mort demeurent les seules issues.
Avec une élégance impétueuse et son pessimisme naturel, Ferrara trace la ligne impraticable que s’infligent les communautés mitoyennes, au nom du repli identitaire. Indémodable.