Chez nous
Pauline Duhez, infirmière à domicile, vit à Hénart, dans le Pas‑de‑Calais. Le docteur Berthier qu’elle connaît depuis des années lui propose de devenir tête de liste du Rassemblement National Populaire (RNP), parti d’extrême droite d’Agnès Dorgelle. Pauline accepte et découvre sa colistière, Agnès Dorgelle en personne. En parallèle, Pauline retrouve son amoureux d’enfance, Stéphane Stankowiak. Elle ignore que Stéphane est un ex du service d’ordre du RNP dont il a été exclu pour sympathies néonazies trop évidentes…
Contrairement à ce que soutenait la polémique qui a précédé la sortie du film pendant les présidentielles, Chez nous est moins un portrait du Front National ‑auquel le film fait pourtant allusion de manière assez évidente‑ qu'une exploration des ressorts idéologiques du populisme ainsi qu’une analyse de l’implantation d’un parti d’extrême droite dans une région jadis ancrée à gauche.
Tout à sa démonstration très pédagogique, qui a le mérite d'éviter la plupart du temps le manichéisme, le réalisateur Lucas Belvaux peine sur l’essentiel. À savoir la bascule de Pauline (excellente Émilie Dequenne) pourtant biberonnée aux idéaux communistes. On sent le personnage tenté de trouver des solutions à la misère et victime d'un certain flou politique générationnel, mais Lucas Belvaux n'insiste pas assez sur cette bascule idéologique. On est ainsi confronté à une sorte d'avant‑après sans que les motivations profondes de Pauline soient suffisamment construites scénaristiquement.
André Dussollier (le Dr Berthier) campe pour sa part un personnage réactionnaire assez fascinant tout en rondeurs apparentes et menaces sous‑jascentes. Un contrepoint saisissant avec la prestation de Catherine Jacob, qui peine à trouver le ton juste dans plusieurs scènes.
Si Chez nous explore avec conviction les habits nouveaux voulus par les partis populistes, leur influence sur le quotidien et évite la caricature grossière, l’intrigue manque de liant au niveau des personnages, à l’exception notable de Stéphane Stankowiak, néonazi affrontant une rédemption impossible, campé avec sobriété par Guillaume Gouix.