Chambre 2806 : l'affaire DSK
Réalisé par Jalil Lespert, ce documentaire en quatre épisodes revient sur l’arrestation en 2011 à New York de Dominique Strauss‑Kahn, alors patron du FMI, à la suite d’une possible agression sexuelle d’une employée d’hôtel, Nafissatou Diallo. La carrière politique de DSK, qui s’apprêtait à devenir un très convaincant adversaire pour Nicolas Sarkozy aux présidentielles de 2012, est foudroyée.
À l’aide de nombreuses archives et d’une somme conséquente d’interviews ‑y compris celle de Nafissatou Diallo mais pas du principal intéressé‑ Jalil Lespert dépeint les différents volets de cette fameuse affaire DSK : l’enquête pour népotisme présumé de DSK avec l’une de ses subordonnées, Piroska Nagy, au FMI. L'enquête sur l’affaire du Sofitel new‑yorkais en 2011. Mais aussi l’agression sexuelle dénoncée en 2007 par l’écrivain Tristane Banon, dans une choquante indifférence générale. Ou encore les parties « fines » organisées pour Dominique Strauss‑Kahn par un chargé de relations publiques du Carlton de Lille.
Dans l’affaire du Sofitel comme pour beaucoup d’autres volets évoqués dans Chambre 2806, c'est parole contre parole. Au téléspectateur de se forger une opinion. Mais le vrai mérite de cette minisérie documentaire n’est pas tant de dépeindre par le menu les mœurs d’un ex‑puissant de ce monde ou de faire des révélations.
Au fil de ses 18 mois de tournage aux États‑Unis et en France, au‑delà d'un soigneux et honnête travail d’enquête (retrouver les témoins et proches de l'enquête), Jalil Lespert esquisse surtout une mise en perspective intéressante : le fait que tous ces différents volets de l’affaire DSK constituent les prémices du futur mouvement #MeToo. Des faits divers, des manifestations publiques, des prises de position de femmes à une époque où la parole des victimes supposées ou réelles d’agressions sexuelles était reçue avec une certaine légèreté. Et même un dédain aujourd’hui heureusement impensable dans le cas de Tristane Banon.