Captain Fantastic
Captain Fantastic s’ouvre sur des cimes. Un drone filme une forêt dense, puis par le biais d’une séquence de chasse relativement brève mais intense, une marmaille en mouvement se révèle, avec elle, un patriarche athlétique et barbu. Caméra embarquée, on suit la tribu sauvageonne, on s’engouffre dans leur habitat, on les voit s’unir à la nature, celle qui les nourrit et les abrite. Certains désabusés miseront sur l’apologie simpliste d’une robinsonnade et de ses marges utopiques, d’autres, plus perspicaces, se douteront qu’un tel préambule annonce la rupture imminente de ces belles énergies, dès lors que la petite tribu de têtes blondes et rousses sera contrainte d’affronter un monde formaté… Le nôtre.
Élevés en autarcie dans la forêt souveraine, les enfants de Ben (Viggo Mortensen, formidable papa‑poule) en savent davantage sur les sciences humaines, la survie ou les valeurs universelles que leurs cousins abrutis par les marques de fringues et de jeux vidéo. Certes, le décalage est un peu facile, mais Matt Ross croit dur comme fer à cette famille fantasque et attachante, endeuillée par la mort de sa mère (bipolaire) mais prête à prendre la route du réel pour lui rendre un dernier hommage.
Avec les compositions folk d’Israel Nash ou le rock atmosphérique du groupe islandais Sigur Ros, Captain Fantastic tient sa promesse de départ, il nous élève au‑delà des vies ordinaires.