par Laurence Mijoin-Duroche
23 juin 2010 - 18h31

Capitaine Alatriste

VO
Alatriste
année
2006
Réalisateur
InterprètesViggo Mortensen, Elena Anaya, Unax Ugalde, Eduardo Noriega, Ariadna Gil, Enrico Lo Verso
éditeur
genre
notes
critique
3
10
A

Espagne, XVIIe siècle. Comme on le dira de l’empire britannique plus tard, le soleil ne se couche jamais sur l’empire espagnol. À Madrid, le faste de l’aristocratie n’a d’égal que la pauvreté du peuple. Le capitaine Diego Alatriste (Viggo Mortensen, admirable et maniant à la perfection la langue de Cervantes), courageux mercenaire et soldat au service de sa majesté le roi Philippe IV, refuse d’exécuter sa mission : assassiner deux hommes accusés d’hérésie, dont il devine l’importance. Dès lors, Alatriste s’attire les foudres du royaume.

En adaptant une série de cinq romans d’Arturo Perez-Reverte, le réalisateur Agustín Díaz Yanes (Sans nouvelles de Dieu) s’attaquait à un monument de la littérature populaire espagnole, récit historique foisonnant de personnages et d’intrigues. Et le visionnage de ce Capitaine Alatriste permet de comprendre toute la difficulté d’une telle entreprise : réussir la reconstitution historique ainsi que l’adaptation des romans en scénario efficace, deux gageures parmi les plus ardues au cinéma.

Force est de constater que si le premier pari est accompli, le second l’est beaucoup moins, le long métrage manquant cruellement de point de vue. Ainsi, les récits s’enchevêtrent sans grande fluidité, assemblés par un montage trop abrupt qui perdra en cours de route les spectateurs les moins au fait des subtilités historiques. Trop long, manquant de rythme et confus, Capitaine Alatriste déçoit d’autant plus qu’il avait toutes les clefs en main pour être un grand film, qu’il soit d’aventure, de guerre, historique ou romanesque.

Cette accumulation des genres trahit en effet le problème de choix auquel a été confronté le metteur en scène et scénariste. À trop vouloir être exhaustif et précis dans son travail de reconstitution, il a négligé le plus important : suivre la destinée de ses personnages et travailler leurs émotions. Au lieu de cela, cette superproduction ibérique dotée de 24 millions d’euros, pourtant somptueusement mise en scène et parfaitement interprétée (Viggo Mortensen, imposant et minéral), est piégée par son matériau d’origine et ne raconte hélas pas grand‑chose. Un vrai plaisir pour les yeux, que l’on aurait aimé aimer.

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Alatriste
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
04/05/2010
image
BD-50, 145', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Espagnol DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français
8
10
image
Une belle copie à la colorimétrie faisant honneur à la somptueuse photographie du film, véritable hommage aux œuvres de Diego Velasquez. L’image, au grain prononcé, est éclatante durant les scènes les plus exposées. On note toutefois une perte de définition et de stabilité lors des séquences les plus sombres. Mais dans l’ensemble, ce Blu-Ray assure lorsqu’il s’agit de restituer les nombreux détails à l’écran, qu’il s’agisse de gros plans (les mailles des somptueux costumes) ou de plans d’ensemble (la finesse des décors, en studio ou naturels). On pense à plusieurs reprises être en train d'admirer des peintures à l’huile en mouvement.
7
10
son
Les deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1, française et espagnole, proposent toutes les deux un rendu ample et épique. Toutefois, si la version originale est bien entendu à privilégier, plus naturelle et chaleureuse, (et également pour apprécier le merveilleux accent espagnol de Viggo Mortensen), il faut reconnaître que la VF fait preuve de plus de dynamisme, notamment pour les scènes de batailles. Globalement, on remarque un manque de pêche sur les canaux arrière.
7
10
bonus
- Commentaire audio d'Agustín Díaz Yanes
- Raconte ce que nous avons fait en SD (43')
- Scènes coupées et alternatives en SD (28')
- Ainsi est né... Alatriste en SD (11')
- Galeries photos et envers du décor en SD
- Teaser en SD
- Bandes-annonces
Ces suppléments s’avèrent complets et passionnants, notamment le commentaire audio du réalisateur, Agustín Díaz Yanes, qui évoque ses influences (Scorsese, Leone…), décrypte ses choix de mise en scène et d’adaptation, et nourrit son propos de nombreuses anecdotes historiques permettant de mieux saisir l’esprit de cette époque. Dans « Raconte ce que nous avons fait », l’équipe du film aborde la réalisation des décors, les conditions de tournage, les influences picturales… On apprécie au passage le perfectionnisme du polyglotte Viggo Mortensen, qui parle espagnol même pour le making of. Des bonus copieux, excellents compléments à un film parfois obscur.
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