Call me by your Name
Quelque part en Italie du Nord, été 1983. En vacances avec ses parents dans leur somptueuse villa du XVIIe siècle, Elio Perlman (Timothée Chalamet), 17 ans, n’est pas tellement enthousiaste à l’idée de céder sa chambre à Oliver (Armie Hammer), le doctorant « de la saison » venu assister son père, professeur spécialiste de la culture gréco‑romaine, dans ses recherches. Pourtant, « l’usurpateur », comme il le surnomme, va devenir son premier amour.
Il est des rencontres dont on ne se remet pas, ainsi l’imposera le dénouement poignant et hivernal de Call me by your Name (sublimé par la partition atmosphérique de l’artiste multi‑instrumentiste Sufjan Stevens). Précédant le regard blessé mais lumineux d’Elio face caméra, l’été aura accompli son cycle d’éclosion sentimentale.
Récit d’apprentissage solaire ralenti par l’indolence inspirée par la saison estivale au cœur de la campagne lombarde, l’adaptation du roman d’André Aciman sait capter le jeu de séduction enclenché entre un ado furieusement cultivé et la grande inconnue qui lui tombe dessus. Par ailleurs, les évocations culturelles de parents bienveillants et ouverts (Amira Casar/Michael Stuhlbarg, formidables) n’ont cesse de faire écho à l’idylle naissante entre les deux jeunes gens.
Plus qu’un manifeste LGBT, encore plus intense qu’une chronique adolescente vintage (entre deux scènes de volley‑ball et de party entre jeunes, les tubes de Giorgio Moroder, Bandolero, The Psychedelic Furs cohabitent avec les partitions de Bach ou de Satie, c’est dire le prodigieux saut dans une temporalité affranchie des étiquettes Eighties), Call me by your Name est un voyage sensuel unique en son genre dans lequel l’éternité des statues hellénistiques rivalise avec la beauté inédite et vivante d’Elio et Oliver. Un chef‑d’œuvre.