Brutus Vs César
Face à la tyrannie de César qui agit en maître absolu sur Rome, les deux sénateurs Rufus et Cassius fomentent un complot pour l’assassiner. Le jeune Brutus est de la partie, qui n'est autre que le fils mal‑aimé de César.
Au départ, le film devait sortir au cinéma le 1er juillet, avant d'être racheté, pandémie oblige, par Amazon Prime Video. Après un pénible visionnage, on se demande bien ce qui a motivé la plateforme tant le troisième long métrage de l’humoriste Kheiron est un flop total, plombé par un scénario pachydermique, des dialogues d’une rare platitude récités sans conviction par des acteurs bien obligés de faire le minimum pour toucher leur cachet. On souffre pour le duo Lhermitte/Darmon vide de toute substance, d’humour et de nuance. Ramsy passe franchement à côté du rôle de César et la prestation de Kheiron l'acteur est à l'image de sa mise en scène : transparente et molle.
Le concept du film, loin d'être neuf (on pense bien sûr à Kaamelott et avant cela à Deux heures moins le quart avant Jésus‑Christ avec Jean Yanne, Michel Serrault et Coluche) repose sur l’anachronisme entre l’époque lointaine (ici la Rome antique) et le langage d’aujourd’hui. Une idée que Chabat avait sublimé en 2002 dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Mais à l’époque, l’écriture était précise et inspirée, les acteurs galvanisés.
Rien de neuf donc et même de l'usé jusqu'à la corde pour ce nouveau film de Kheiron, dont la mise en scène sans aucune ambition cinématographique fait peine à voir (on cherche encore l'ouverture du film, séquence d'ordinaire soignée par les auteurs) et dont la seule bonne vanne se trouve dans la bande‑annonce. Pensée émue au passage pour le monteur à qui il ne doit pas rester beaucoup de cheveux sur la tête à force de se les arracher pour tenter de sauver les meubles. Peine perdue, le rythme n'y est pas, le reste non plus.
Au final, Brutus Vs César semble symptomatique d’un système de production cinématographique français à bout de souffle, répondant principalement à des critères de l’entre‑soi : la présence d'un comique populaire, un casting de stars, une resucée conceptuelle d'un énorme succès signé Chabat… La production française marche dans son ensemble sur la tête, et ce film, qui a passé toutes les étapes des fiches de lecture, de casting et de financement, en est le plus parfait exemple. Coup dur pour les bons scénaristes qui rament pour trouver des producteurs, un financement et des distributeurs pour leurs films.
Tout cela est d’autant plus navrant que l’on sait Kheiron sincère (question dictateur, il s'y connaît et sa famille aussi, voir son film Nous trois ou rien). C’est simplement le système de production cinématographique français qui lui a joué un mauvais tour. Mais alors très mauvais.