Broken
Dans une banlieue de Londres, Skunk (Eloise Laurence), toute jeune adolescente, assiste impuissante à la violente agression de son voisin, un attardé mental. Malgré l’amour inconditionnel de son père (Tim Roth, excellent) et l’arrivée d’un petit ami, Skunk prend peu à peu conscience de la difficulté des rapports entre adultes. Les conflits et disputes à répétition, ainsi que la découverte de la sexualité, vont bientôt métamorphoser la perception du monde qui l’entoure.
Ainsi, les premiers pas de Skunk en sixième vont de pair avec son adieu, non sans écorchures, au cocon molletonné de l’enfance. Il faut dire que les expériences s’offrant à la petite diabétique la contraignent vite au passage de l’innocence à un âge plus rugueux : issue d’une famille monoparentale, elle voit sa baby‑sitter se séparer de son professeur de français et se recaser aussitôt avec son père, surprend son frère en pleine séance de coucherie et se fait bientôt agresser par une fillette de sa classe.
On l’aura compris, pour son premier film, Rufus Norris (initialement metteur en scène de théâtre) ne lésine pas sur l’hyperbole dramatico‑sociale, mais à l’inverse d’un Ken Loach, scande le quotidien, pour le moins insoutenable de la fillette, de projections oniriques (moyennant une touche arty un peu trop appuyée). Ainsi, les séquences s’entrecoupent‑elles de parenthèses édulcorées pour un horizon propice à tous les possibles, lesquels insufflent à « l'enfant‑femme » une bouffée d’optimisme.