Bright Star
Londres, 1818. Jeune femme toujours au fait des tendances et de la mode, Fanny Brawne (Abbie Cornish, Elizabeth, l'âge d'or) excelle dans l’art de la couture, si bien qu’elle s’habille de la tête aux pieds avec ses propres créations. Son voisin, le talentueux John Keats (Ben Wishaw, Le parfum, histoire d’un meurtrier), vit chichement de ses poèmes. Fanny lui rend régulièrement visite, à la fois intriguée par ce jeune homme au visage d’ange et complètement réfractaire à ses vers. Opiniâtre, la jeune femme va s’investir dans la lecture de recueils de poèmes. Touché par ses efforts, Keats accepte de lui donner des leçons de poésie. Irrémédiablement attirés l’un vers l’autre, les deux êtres tombent éperdument amoureux. Mais leur rang social et une terrible maladie va les empêcher de vivre pleinement leur passion…
Réalisatrice émérite de La leçon de piano (Palme d’or en 1993), la cinéaste néo‑zélandaise Jane Campion livre avec Bright Star un film d’un romantisme pur, dépourvu de toute connotation mièvre. Dans cette histoire d’amour aussi passionnelle que contrariée, inspirée du destin tragique du brillant poète britannique John Keats (1795‑1821), on décèle évidemment un soupçon de Roméo et Juliette. Les amants, vivant leur passion en catimini, font fi de toute considération d’ordre social ou financier. Lui n’a pas la fortune exigée pour demander la main de sa bien‑aimée ; elle n’a que faire des histoires de dot et de conventions.
Dévorants et chastes, les sentiments des tourtereaux sont pourtant brimés par leur entourage, personnages habitués à contourner les difficultés plutôt qu’à gagner leur liberté. À ce titre, la mère de Fanny (interprétée par Kerry Fox, La révélation) illustre parfaitement ces obstacles sociaux, certes désuets mais qui résonnent encore au sein de notre société contemporaine. Compréhensive et aimante, elle craint les qu’en‑dira‑t‑on, le bouleversement des règles de bienséance. Toujours dans l’empathie, cette dernière n'est rien face à l’acerbe Charles Brown (Paul Schneider), ami poète de Keats, toujours prompt à juger son interlocuteur en fonction de son intérêt.
Finalement, et malgré les apparences, Bright Star est en ce sens résolument moderne, puisqu’il synthétise tous les obstacles à la passion et à la liberté. La superbe photographie, véritable symphonie pastorale, et la mise en scène subtile, servent de métaphore aux sensations éprouvées par les amoureux : une campagne en fleurs, un rideau qui s’envole, la fragilité d’un papillon, la menace de l’automne, l’hiver sonnant le glas. Soit les quatre saisons à l’échelle d’une passion.