Bridget Jones : folle de lui
Les années ont passé et Bridget Jones, désormais quinqua, tente de surmonter la mort de Mark Darcy, le père de ses deux enfants.
50 nuances de Jones
On avait quitté, sans regret, Bridget Jones (et accessoirement son interprète Renée Zellweger qui semble avoir une carrière parallèle à celle de son personnage) à la fin de Bridget Jones Baby, il y a dix ans. Ce qui n’était pas vraiment une perte tant le film de Sharon Maguire nous avait déçus. Il faut dire que le scénario n’était pas tiré d’un des trois livres de la saga littéraire. Et même si son auteur, Helen Fielding, était à la manœuvre, cela se ressentait. D’ailleurs, Hugh Grant avait décidé de ne pas y participer, c’est dire.
Aujourd’hui, avec ce Bridget Jones : folle de lui, les choses sont rentrées en place : le film est l’adaptation du roman éponyme et Daniel Cleaver revient, toujours sous les traits de Hugh Grant ! Le ton et l’humour de la saga ont changé, le personnage maintenant quinquagénaire a (un peu) muri, et cela ne lui va pas si mal. Évidemment, notre Briget favorite se parle toujours à elle‑même, est encore maladroite au possible et se dévalorise sans cesse. Bien sûr, tout cela ne fait pas un chef‑d’œuvre, qu’importe, on rigole (beaucoup) et on est touché par ce personnage qui nous ressemble tant.
Colin Firth fait çà et là quelques apparitions dans le film, et il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas s’en émouvoir à chaque fois. À l’instar des meilleures romcom british, ce Bridget Jones : folle de lui joue en effet à fond la carte de l’émotion. Un changement bienvenu dans la saga qui fonctionne assez bien, puisque les gags et les vannes s’enchaînent à un rythme effréné pour contrebalancer tout ce pathos pas vraiment subtil mais ô combien sincère. Bridget n’arrive pas à faire le deuil de M. Darcy. Mais est‑ce seulement possible ?
Mention particulière au personnage d’Emma Thompson qui reprend son rôle de Dr Rawlings, une gynéco qu’on ne voit qu’au cinéma.
Femme libérée ?
Malheureusement, le film ne brille pas par son originalité. Il n’arrive pas à se défaire du carcan de son postulat de départ : Bridget Jones raconte toujours l’histoire d’une célibataire romantique qui cherche le grand amour.
Au bout de deux minutes, on sait qu’elle finira dans les bras du charmant M. Wallaker (Chiwetel Ejiofor) et qu’entre‑temps, elle aura un épisode cougar avec Roxster (Leo Woodall). Étrangement, cette relation n'est pas complètement assumée par le scénario alors qu’il aurait été si moderne de le faire. D’autant que le couple fonctionne assez bien et que la situation amène de nombreux gags et pas seulement sur le décalage de références entre le trentenaire et la quinqua.
Bridget Jones est toujours à la recherche de l’amour avec un grand A et c’est peut‑être là que le bât blesse, puisqu’il est impossible, pour elle comme pour le spectateur, de trouver mieux que M. Darcy. Sinon, on nous aurait menti depuis 25 ans ! Heureusement, Bridget et le spectateur peuvent compter sur l’inénarrable Daniel pour remettre les choses à leur place et montrer que l’on peut être à la fois un affreux macho et très féministe.
À se demander si ce ne serait d’ailleurs pas lui, le véritable héros de la saga : un homme faussement déconstruit, un misogyne de façade, un ami sur lequel on peut toujours compter…