Breaking Bad saison 4
Au fil des saisons, à l’image de son héros toujours plus « abymé », Breaking Bad s'assombrit pour marquer ici un virage inéluctable vers la noirceur.
Finies les couleurs chaleureuses des premières saisons. Cette fois, on filme de nuit et le plus souvent en intérieur. Le noir, le gris et les tonalités neutres envahissent l'écran et les âmes. Épisode après épisode, Walter White, pauvre petit prof de chimie désespéré atteint d’un cancer incurable, s’efface au profit de son alter ego sombre et asservi au Mal. C’est l’émergence d'un bad guy digne des meilleurs polars, dont la noirceur contamine tous ceux qui le croisent, notamment Skylar, sa femme, et Jesse Pinkman, son acolyte.
Pour incarner cette progression lente et pernicieuse vers le Mal (tel le cancer dans l’organisme de Walter White), Vince Gilligan ralentit considérablement le rythme et appuie davantage sur les regards. Le final approche, et avec lui, son cortège de drames : les protagonistes vont tous basculer du côté obscur et il ne sera bientôt plus question de faire marche arrière.
Dès lors, la série accumule les scènes d’anthologie et développe des personnages secondaires si denses qu’ils pourraient tous devenir les héros de leur propre spin‑off. À la fin de la saison, sombre, explosive et cathartique, Walter White est devenu un parrain. Et grâce à une mise en scène parfaitement maîtrisée, un sens du cadre leonien et une bande‑son qui n’a jamais été aussi en phase avec son atmosphère unique, Breaking Bad s'offre une place au sein des chef-d’œuvres cathodiques, tant sur le fond que sur la forme. Une saison indispensable, qui sera encore surpassée par la suivante. C'est dire le niveau de qualité exigé par son créateur, Vince Gilligan.