À bras ouverts
Navrant. Gênant. Vide. Même pas drôle. Le dernier film de Philippe de Chauveron (Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?) va bien trop vite en besogne pour nous faire croire la moindre seconde à cette histoire énorme : sur un plateau TV, Fougerole, un écrivain humaniste, jure en direct d'accueillir chez lui à Marnes‑la‑Coquette n'importe quelle famille Rom dans le besoin. Le lendemain, dring dring, une famille de gens de voyage débarque (Ary Abittan, qui fait ce qu'il peut). Tiraillé entre ses propres préjugés et ses convictions sociales, le couple Fougerole s'adapte tant bien que mal à cette cohabitation forcée.
On imagine bien Philippe de Chauveron s'être inspiré de quelques personnalités publiques ayant à peu de chose près fait les mêmes déclarations que Christian Clavier dans le film, et vouloir rire des dissonances entre les discours et les actes d'une certaine gauche caviar. Un sujet glissant mais fort tentant qui aurait pu (dû) aboutir à une satire du petit monde germanopratin. Pourquoi pas, après tout.
Mais pour viser la substantifique moelle des grandes comédies italiennes où tout le monde en prenait pour son grade, encore aurait‑il fallu décoller de ce premier degré crasse et sortir des clichés attendus (hérissons d'un côté VS pâtisseries Gérard Mulot de l'autre). Au final, À bras ouverts ne transgresse rien, ne fait bouger aucune ligne et ne fait pas rire un seul instant. Un film à sketchs épais et complément raté.