Boss saison 1
La première saison de Boss, c'est huit épisodes remarquables au cours desquels le spectateur cale son pas sur celui de Tom Kane, maire de Chicago (Kelsey Grammer, excellent), un prédateur politique effrayant, atteint d'une grave maladie dégénérative. En dépit du mal incurable qui le ronge un peu plus chaque jour, ce dernier refuse de renoncer au pouvoir et va tout faire, même le pire, pour le conserver. Pour lui, s'arrêter, c'est mourir. Littéralement.
Il y a des signes qui ne trompent pas. L’année dernière, alors qu’elle n’a même pas encore diffusé la saison 1, la chaîne câblée américaine Startz renouvelle Boss pour une saison 2. Encore inconnue, la série est un événement, car elle marque le retour au premier plan de Kelsey Grammer, une immense star aux États‑Unis qui, jusqu'à ce rôle, s’était plutôt illustré dans un registre comique avec Cheers et Frasier. Le comédien met cette fois sa puissance, son naturel, son regard d'acier et sa voix grave, au service d'un personnage « dramatique » qui restera dans les annales cathodiques.
Boss, c’est aussi la première incursion du réalisateur de cinéma Gus Van Sant (Elephant) dans le monde de la série TV. Il réalise ici le pilote et assure la fonction de producteur exécutif. Sa patte est visible dès le générique jusque dans son sens du cadre, alternant vastes plans d'ensemble énigmatiques et resserrements sur des détails des visages.
Et dès le pilote, on se dit que l'on tient là une nouvelle série de référence. Générique envoûtant (sur le titre Satan your Kingdown Must Come Down de Robert Plant, le chanteur de Led Zep), photo magnifique et musique atmosphérique : d'emblée, la forme est soignée. Ça continue avec la mise en scène où gros plans, cadrages et ralentis sur les scènes les plus sulfureuses sont parfaitement pensés et calibrés.
La distribution n’est pas en reste puisque, de Connie Nielsen (New York unité spéciale) à Jeff Hephner (Castle) en passant par Kathleen Robertson (Beverly Hills) et Martin Donovan (Dead Zone), tous les comédiens sont excellents.
Sur le fond, Boss est un modèle d'écriture. Si chaque épisode est une parfaite illustration de la célèbre citation d'Emerich Acton (historien et philosophe anglais qui a déclaré : « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument »), Boss n’est pas seulement une série « politique ». C’est aussi et surtout une véritable tragédie shakespearienne qui en dit davantage sur la nature humaine que sur la politique elle‑même.
Pour ne rien gâcher, l’intrigue est construite comme un véritable thriller, où il est possible de superposer le visage de l’homme politique réel que l'on désire sur celui des protagonistes de Boss. Certaines similitudes avec le contexte politique réel fusionnent parfois si bien, que cela fait froid dans le dos.