Bons baisers de Bruges
Il faut dépasser la bêtise du titre français pour avoir une chance d’apprécier ce film de mafieux étrange et insolite, situé quelque part entre Samuel Beckett et Get Carter.
Bruges, sa brume, ses ponts, ses églises médiévales et ses canaux. Là, Ken (Brendan Gleeson, génial) et Ray (Colin Farrell), deux tueurs à gages, débarquent pour une mission encore inconnue. Pour le premier, paternaliste à souhait, c’est l’occasion de jouer les touristes. Pour l’autre, citadin patenté, il s’agit d’oublier le meurtre accidentel d’un petit garçon qui le ronge de l’intérieur. En attendant Godot (Ralph Fiennes, leur patron), nos deux larrons déambulent dans la cité lacustre, débarquent sur le tournage d’un film interprété par un nain « en hommage à Ne vous retournez pas de Nicholas Roeg » (qui se passait lui à Venise), écument les pubs, jusqu’à ce que la nouvelle tombe : Ken doit tuer Ray.
Excellente surprise que cette relecture presque absurde du polar noir, signée par un metteur en scène de théâtre.