Bonnie and Clyde
Que dire de plus sur ce film réalisé par Arthur Penn en 1967, chef‑d’œuvre indémodable qui allait fonder avec quelques autres (Easy Rider, Le lauréat) la décennie faste du Nouvel Hollywood ?
Proposé à François Truffaut qui déclina l’offre, Bonnie and Clyde correspond à une période de l’histoire de l’Amérique et de sa jeunesse qui, fatiguée des valeurs corsetées héritées des années 1950, vit dans la ballade sanglante de ces deux rebelles rétifs à toute forme d’autorité (les flics, l’État, la famille…) un désir de fuite, de liberté et de renouvellement (Faye Dunaway et Warren Beatty aussitôt starisés).
Mélangeant les codes du futur road‑movie et ceux des polars sociaux de la Warner (les deux outlaws proposent à un fermier fraîchement expulsé de tirer sur la pancarte du nouveau propriétaire de sa maison), Bonnie and Clyde débute dans l’euphorie et l’insouciance des ruptures radicales et plonge dans le drame.
Au fil des kilomètres et des morts, un voile mélancolique recouvre peu à peu le film jusqu’à un final dont l’extrême violence fit alors scandale et contribua à l’effondrement du code de censure régissant depuis des lustres les films hollywoodiens. Notons d’ailleurs que lors du massacre des deux hors‑la‑loi, Arthur Penn tint à ce qu’un bout de crâne s’échappe de la tête de Warren Beatty, en référence à l’assassinat de JFK survenu quatre ans plus tôt.