Bone Tomahawk
Mini‑budget, mini‑tournage (21 jours), mais il fait le maximum. Premier film réalisé par S. Craig Zahler (scénariste de The Incident du Français Alexandre Courtès), Bone Tomahawk est un western horrifique qui ne laisse pas indifférent.
Tout commence à la fin du XIXe siècle quand un groupe de cowboys avisés se lance à la poursuite d’une bande d’Indiens sanguinaires qui ont enlevé une de leurs proches. Un western donc, avec ses figures imposées (les grands espaces de l’Ouest américain), ses personnages emblématiques et ses dialogues aussi efficaces que percutants. Mais pas seulement. Très vite, Zalher perfuse une bonne dose d'horreur et de sauvagerie à sa carte postale, enfonçant le spectateur dans un malaise cathartique hallucinant. À la manière du romancier Stephen King, Zalher fusionne à l'écran western et horreur pure. Le résultat est exemplaire, décalé à souhait.
Évidemment, le film s'adresse à un public adulte tant on se surprend à détourner la tête lors de nombreuses scènes. D’une violence insoutenable, elles ne sont toutefois jamais gratuites ou perverses. Elles permettent aussi aux comédiens du film, Kurt Russel en tête, de livrer des prestations jubilatoires, où émotion et humanité (contre toute attente) transpirent littéralement à l’écran.
Cadré de main de maître, bénéficiant d‘une lumière magnifique et d’un scénario qui ne cède jamais à la facilité, la sécheresse du propos, sans effet de style, enchante l'amateur de pépites étranges. Car Bone Tomahawk est bel et bien un ovni cinématographique dont on ressort exsangue, vidé, avec la délicieuse impression d’avoir redécouvert deux genres pourtant archi‑exploités depuis des lustres. S. Craig Zalher entre par la grande porte dans le monde de la réalisation. Vite la suite !