par Nicolas bellet
28 juin 2024 - 09h53

Bob Marley : One Love

année
2024
Réalisateur
InterprètesKingsley Ben-Adir, Lashana Lynch, James Norton
éditeur
genre
sortie salle
14/02/2024
notes
critique
7
10
A

La (courte) vie de Bob Marley, l’homme qui propulsa le reggae et l’esprit rasta au‑delà des frontières de la Jamaïque.

Bob l’éponge
Rares sont les biopics qui à la fois racontent honnêtement leur héros et sont également de bons films de cinéma avec un parti pris d’auteur. La cinéphilie retiendra certainement Gandhi (Richard Attenborough) ou Amadeus (Miloš Forman), c'est peu, malheureusement. Si le film réalisé par Reinaldo Marcus Green, Bob Marley : One Love, ne rentrera sûrement pas au Panthéon des biopics ciné, il n’en est pas moins un bon film, à la fois divertissant, instructif et surtout qui donne envie de se refaire la discographie complète de Bob Marley dans les airPods. Car après tout, dans un monde où l’industrie musicale peine à retrouver ses glorieuses années, c’est un peu le but.


Produit et mis en musique par la famille du défunt rasta (surtout Rita et Ziggy), le film n’arrive jamais à sortir de l’hagiographie calibrée pour ne surtout pas écorner la légende. C’est à peine si la drogue, sa foultitude d’enfants ou sa quasi‑polygamie sont évoqués. Pour cela, il vaut mieux se tourner vers le documentaire Marley de Kevin MacDonald.


Cependant, le film est une très bonne introduction à la complexité de la personnalité de Bob Marley, qui va bien au‑delà du simple reggae man pour esquisser un portrait de l’homme politique, des fondamentaux (édulcorés) de la philosophie rastafari et son influence, et bien sûr de l’universalité de son discours.

 

La mise en scène de Reinaldo Marcus Green réussit à la fois à être spectaculaire (les scènes de concert ou la tentative d’assassinat) et proche de l’homme qu’était Marley, derrière la légende. Malheureusement, le film souffre d’un manque cruel d’enjeux ou du moins de points de vue, et hésite trop souvent à plus raconter Rita que Bob.

Vous me faites Marley !
Reste la partition de Kingsley Ben‑Adir dans le rôle‑titre. Étrangement, elle est paradoxale. D’un côté, l’acteur est bien trop beau pour incarner l’idole qui, il faut bien l’admettre, était bien loin des canons de beauté. Et de l’autre, il lui manque cruellement de son incroyable charisme et de son charme ravageur, encore palpable sur n’importe quelle image de lui. Mais au fur et à mesure que le film avance, il gagne en charisme pour se rapprocher peu à peu de son modèle, sans toutefois l’atteindre.


Finalement, ce que l’on retiendra de ce Bob Marley : One Love, c’est surtout la musique et les paroles de Bob, diablement encore d’actualité. Le travail sur le son est incroyable, amplifié il est vrai par le mimétisme remarquable de Kingsley Ben‑Adir. On connaît tous les fonds de studio : les démos déterrées, les raretés retrouvées exploitées depuis des années par les héritiers de Marley dans des coffrets ou autres compilations exclusives et Collector. Ici, elles sont au service du film, remixées qui plus est. Bob Marley : One Love est un plaisir pour les oreilles, un peu moins pour les yeux de cinéphiles, hormis sa superbe photographie…

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test
4k
cover
Prix : 29,99 €
disponibilité
19/06/2024
image
1 UHD-66 + 1 BD-50, 107', couleurs
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Atmos
Français Dolby TrueHD 7.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Italien Dolby Digital 5.1
Japonais Dolby Digital 5.1
Hongrois Dolby Digital 5.1
Polonais Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, cantonais, tchèque, italien, japonais, coréen, hongrois, mandarin, néerlandais, polonais, slovaque, thaïlandais
9
10
image

Dès la première seconde de film qui s'ouvre sur les splendides paysages de Jamaïque, on comprend que la photographie de Robert Islwit (œuvrant d'habitude avec Paul Thomas Anderson, Oscar de la Meilleure photographie pour There Will Be Blood) sera une part essentielle du ressenti du spectateur, avec la musique de Bob Marley bien sûr.

 

Chaleureuse, colorée, légèrement vintage, élégante, fortement contrastée grâce au HDR, elle explose littéralement en 4K avec une brillance, un relief et une profondeur très immersives. Les tons chaleureux l'emportent, en pleine nuit où la lumière naturelle crépite autour d'un feu par exemple, ou sur les concerts, balayés par des lumières artificielles multicolores et festives.

 

Une perfection de précision, de détail (Digital Intermediate 4K) et de magie ressuscitée. Et une belle opposition entre le froid et le chaud pour les époques se déroulant à Londres et en Jamaïque. 

9
10
son

Sans Bob Marley et sa musique qui hante littéralement presque chaque séquence et prend aux tripes dès l'ouverture, le film ne serait sans doute qu'une banale histoire de chanteur comme tant d'autres. Véritable fil conducteur, ses morceaux suivent le récit et le font même avancer, étape après étape, concert après concert, où la musique et le souffle rastafari inondent chaque enceinte de la pièce. Bob Marley était exigeant, pouvait répéter avec son groupe à n'en plus finir pour parvenir à ses fins : le film est doté de cette même application, ce même souci du détail, cette envie de partage autour d'une même émotion, un même amour de la musique. Mission réussie pour l'équipe qui donne à écouter autant qu'à voir.

 

Pour ne rien gâcher, le Dolby Atmos est suave, ample, enveloppant. Tout a été fait pour nous plonger dans les séances de répétitions, les concerts et les moments plus intimes à la guitare. Le travail remarquable sur le son et la musique rend un puissant hommage à l'esprit Marley. La confirmation, s'il le fallait encore, que la musique de Bob Marley est éternelle. Sans doute une découverte pour certains grâce à ce film.

5
10
bonus
- Devenir Bob Marley (7')
- L'histoire : porter Bob Marley à l'écran (7')
- Les acteurs (10')
- Le tournage : Jamaïque et Angleterre (8')
- Le groupe (10')
- Versions longues et scènes coupées (10')

Un même gros module découpé en différentes sections pour nous raconter la métamorphose de Kingsley Ben‑Adir en Bob Marley qui, au‑delà de la gestuelle, a dû s'approprier son langage très spécifique à base de patois. La volonté de toute l'équipe, Ziggy Marley en priorité, à l'origine du projet, était de faire passer la musique et le message du reggae man. La plupart des acteurs ou des conseillers du film étaient des proches de Marley, ou bien les enfants des Wailers. Une histoire de filiation et de transmission avant tout. Informatif mais peu créatif. Trop marketé.

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