Bob Marley : One Love
La (courte) vie de Bob Marley, l’homme qui propulsa le reggae et l’esprit rasta au‑delà des frontières de la Jamaïque.
Bob l’éponge
Rares sont les biopics qui à la fois racontent honnêtement leur héros et sont également de bons films de cinéma avec un parti pris d’auteur. La cinéphilie retiendra certainement Gandhi (Richard Attenborough) ou Amadeus (Miloš Forman), c'est peu, malheureusement. Si le film réalisé par Reinaldo Marcus Green, Bob Marley : One Love, ne rentrera sûrement pas au Panthéon des biopics ciné, il n’en est pas moins un bon film, à la fois divertissant, instructif et surtout qui donne envie de se refaire la discographie complète de Bob Marley dans les airPods. Car après tout, dans un monde où l’industrie musicale peine à retrouver ses glorieuses années, c’est un peu le but.
Produit et mis en musique par la famille du défunt rasta (surtout Rita et Ziggy), le film n’arrive jamais à sortir de l’hagiographie calibrée pour ne surtout pas écorner la légende. C’est à peine si la drogue, sa foultitude d’enfants ou sa quasi‑polygamie sont évoqués. Pour cela, il vaut mieux se tourner vers le documentaire Marley de Kevin MacDonald.
Cependant, le film est une très bonne introduction à la complexité de la personnalité de Bob Marley, qui va bien au‑delà du simple reggae man pour esquisser un portrait de l’homme politique, des fondamentaux (édulcorés) de la philosophie rastafari et son influence, et bien sûr de l’universalité de son discours.
La mise en scène de Reinaldo Marcus Green réussit à la fois à être spectaculaire (les scènes de concert ou la tentative d’assassinat) et proche de l’homme qu’était Marley, derrière la légende. Malheureusement, le film souffre d’un manque cruel d’enjeux ou du moins de points de vue, et hésite trop souvent à plus raconter Rita que Bob.
Vous me faites Marley !
Reste la partition de Kingsley Ben‑Adir dans le rôle‑titre. Étrangement, elle est paradoxale. D’un côté, l’acteur est bien trop beau pour incarner l’idole qui, il faut bien l’admettre, était bien loin des canons de beauté. Et de l’autre, il lui manque cruellement de son incroyable charisme et de son charme ravageur, encore palpable sur n’importe quelle image de lui. Mais au fur et à mesure que le film avance, il gagne en charisme pour se rapprocher peu à peu de son modèle, sans toutefois l’atteindre.
Finalement, ce que l’on retiendra de ce Bob Marley : One Love, c’est surtout la musique et les paroles de Bob, diablement encore d’actualité. Le travail sur le son est incroyable, amplifié il est vrai par le mimétisme remarquable de Kingsley Ben‑Adir. On connaît tous les fonds de studio : les démos déterrées, les raretés retrouvées exploitées depuis des années par les héritiers de Marley dans des coffrets ou autres compilations exclusives et Collector. Ici, elles sont au service du film, remixées qui plus est. Bob Marley : One Love est un plaisir pour les oreilles, un peu moins pour les yeux de cinéphiles, hormis sa superbe photographie…