Blood Father
John Link, ancien biker et ex‑taulard végétant dans un mobile‑home, reçoit un jour l’appel désespéré de sa fille Lydia, disparue depuis plusieurs années. La jeune femme est traquée par les complices du trafiquant de drogue avec lequel elle vivait.
Il ne faut pas s’y tromper avec Blood Father : le réalisateur Jean‑François Richet ne raconte pas la croisade d’un invincible vengeur comme Mel Gibson en a tant incarné, de Payback à Kill the Gringo. Blood Father est surtout et avant tout l’histoire d’une rédemption. La violence n’est pas le carburant du récit, elle en est juste une péripétie.
Link, le personnage campé par Mel Gibson, est en fait un sale type qui, à l’automne de sa vie, se voit offrir l’occasion de protéger et d'être utile à l’enfant dont il ne s’était jamais vraiment occupé. Richet filme à hauteur de son antihéros en ne magnifiant ni sa médiocrité, ni sa violence ou les avanies occasionnellement spectaculaires qu’il rencontre. Le scénario confère ainsi une humanité parfois touchante à ce personnage en perdition grâce à l’indiscutable magnétisme de Mel Gibson.
Mais pour qu’une histoire de rédemption/retrouvailles à deux fonctionne, il faut qu’il y ait, justement, deux personnages forts. Gibson aspire tout l’espace et ne laisse que peu d’air à la jeune Erin Moriarty qui campe sa fille Lydia. La comédienne aggrave la situation avec un net manque d’expressivité et l’affaire est close par le scénario, si chiche sur sa trajectoire et sa personnalité que la fameuse Lydia, pourtant au cœur de l’intrigue, demeure un mystère.
C’est peut‑être là le principal grief que l’on pourrait faire à Jean‑François Richet : centré sur le visage tourmenté de sa star, polarisé par un récit dépouillé, troublant écho avec l’histoire personnelle récente de Mel Gibson, le réalisateur délaisse un peu trop tous les autres personnages. Blood Father a du nerf mais manque un peu de moelle.