Blood Diamond
Pendant la guerre civile qui ensanglante la Sierra Leone à la fin des années 90, Archer, un mercenaire se faisant passer pour un trafiquant d’armes (Leonardo DiCaprio), Solomon Vandy, un pêcheur Mendé capturé par le Front Révolutionnaire Uni (Djimon Hounsou), et une journaliste américaine (Jennifer Connelly), croisent leur route et leurs intérêts respectifs au sein d’un film d’action mélo-politique dans la droite ligne de Lord of War et The Constant Gardener.
Blood Diamond, littéralement « diamant de sang », ou comment l’hémisphère Nord pompe les ressources de l’hémisphère Sud sur fond de déni politique et d’exploitation cynique des conflits locaux. Le film décrit ainsi les rouages d’un marché reliant les zones diamantifères de l’Afrique aux vitrines des bijoutiers de la City londonienne. Tandis que l’Amérique vit au rythme haletant des frasques sexuelles de son président, la Sierra Leone s’embrase dans l’indifférence quasi générale : exécutions sommaires, massacres aveugles, méthodes esclavagistes du RFU et gamins surarmés galvanisés, entre autres, par l’imagerie yankee du gangsta rap, soit le quotidien et le meilleur d’un film qui aborde ici un sujet jamais traité au cinéma.
Tout débute très vite. Capturé par les extrémistes africains du RFU, Solomon est envoyé dans une mine et découvre un diamant rare qui deviendra l’objet de toutes les convoitises. Dans une prison, Archer apprend l’existence de ce diamant et va tout faire pour mettre la main dessus. Le matériau de Blood Diamond est passionnant, les héros taillés dans le granit, la description d’une région en proie à un chaos indescriptible remarquable et Edward Zwick (Glory, Couvre-feu, Le dernier samouraï) réussit sur le fil à concilier les exigences du pamphlet politique et les codes du film d’aventures hollywoodien. À la poursuite du diamant vert soluble dans Syriana…
Si les personnages évoluent parfois selon des directions prévisibles (la rédemption finale du mercenaire cynique qui ouvre enfin les yeux sur la réalité humaine de son trafic), et si le film plie sous le poids de fictions concurrentes (la bluette artificielle entre Leonardo DiCaprio et Jennifer Connelly renvoie à un âge ancien du cinéma), d’autres passages brillants auraient carrément mérité un film entier (le kidnapping et le lavage de cerveau du jeune fils de Solomon par les forces rebelles).
Au fond, Blood Diamond n’égale pas Le bon, la brute et le truand et son entrelacement des genres (petite histoire de quelques individus et grande Histoire d’une région), mais donne un coup de poing dans une fourmilière que personne ne voulait voir. Le film d’action humanitaire est né.