Blindness
Adapté du roman L’aveuglement de José Saramago, Blindness se déroule dans une mégapole imaginaire (en fait, Sao Paulo), frappée par une épidémie de cécité aussi brutale qu’inexpliquée. La contagion gagne la ville à une vitesse fulgurante, provoquant scènes de panique et retour express à la barbarie.
Mises en quarantaine dans les hôpitaux de la ville, les victimes s’organisent tant bien que mal. Parmi elles, une jeune femme épargnée par la maladie (Julianne Moore) décide d’accompagner son mari (Mark Ruffalo) dans l’un de ces mouroirs, et tente d’organiser un semblant de vie civilisée. Mais l’enfermement et le désir de survivre coûte que coûte exacerbent les tensions et réveillent les pulsions primitives des uns et des autres.
Révélé par La cité de Dieu, description virulente de la vie dans les favelas de Rio, Fernando Mereilles signe ici un troisième film saisissant. Blindness exploite aussi bien les ficelles du cinéma d’anticipation (on pense à Soleil vert ou à La nuit des morts vivants), que celles du drame métaphysique à la manière du Temps du loup de Michael Haneke. Mais plutôt que de rester cantonné aux limites du genre et d’exploiter sa puissance politique (formidable première partie du film), Mereilles multiplie les métaphores et autres séquences symboliques. Si bien que l’on a parfois l’impression d’un film un peu pontifiant qui, à force de vouloir rendre signifiant chacun des éléments du récit, substitue à des individus en particulier des généralités sur la condition humaine. Un film à voir, et à ressentir, donc.