par Carole Lépinay
28 novembre 2017 - 09h41

Bleeder

année
1999
Réalisateur
InterprètesKim Bodnia, Mads Mikkelsen, Rikke Louise Andersson, Liv Corfixen, Levino Jensen, Zlatko Buric
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

Copenhague. Leo (Kim Bodnia) apprend que sa petite amie Louise (Rikke Louise Andersson) est enceinte. Loin d’être emballé par la perspective de devenir père, il sombre bientôt dans une spirale de violence. De son côté, son meilleur ami Lenny (Mads Mikkelsen), passionné de cinéma, bosse dans un vidéoclub, coupé des réalités et extrêmement introverti, il ne parvient à faire le premier pas vers Lea (Liv Corfixen, future Madame Refn à la ville).


Précédant sa prodigieuse carrière outre‑Atlantique amorcée avec Bronson en 2008, Nicolas Winding Refn édifiait déjà, dans son pays natal, les bases d’une esthétique de la violence. Biberonné au cinéma de genre, Lenny ‑l’alter ego du cinéaste‑ enchaîne les projections privées de Maniac (William Lustig) et autres films de genre, quand son pote Leo, perdant peu à peu le contrôle de sa vie insipide, préfère se mesurer à un personnage de fiction, le flingue braqué sur son beauf abhorré (Levino Jensen). Séquence formidable par ailleurs, qui ne se contente pas uniquement de jouer avec nos nerfs. En s’improvisant tueur, Leo ramène le cinéma au cœur de la réalité, cette mixtion des deux mondes faisant écho à ses interrogations lors de la projection de Vigilante (Lustig, 1982) : « D’où ils sortent leurs flingues ? (…) Ils ont besoin d’un flingue, il apparaît (…) Je sais bien que c’est un film (…) On dirait que tout le monde sait se servir d’un flingue. Même les gens normaux comme nous ».

 

Bientôt, la violence sèche et brutale vient submerger l’apparente monotonie du film, sa montée en puissance déclenche un face‑à‑face joliment mis en scène dans la pure tradition leonienne. À la question « Quels films vous ont marqué par l’intensité de leurs images ? », Refn cite Il était une fois dans l’Ouestentre autres. Comme quoi, il n’y a pas de premier jet sans chef‑d’œuvre matriciel.  


À noter, ce film est resté inédit à l'international pour des problèmes de droits jusqu'à ce que Refn puisse les racheter récemment.

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Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
08/11/2017
image
1 BD-50 + 1 DVD-9, 97', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Danois DTS-HD Master Audio 5.1
Danois DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français
7
10
image

Un très beau master qui n'a pas complètement laissé derrière lui quelques souvenirs du passé comme du grain, des fourmillements et des contrastes marqués, parfois trop. Mais dans la photographie du film (lumières crues et réalistes à fond) et l'histoire de cette bande de Danois désœuvrés, ces quelques scories ne font pas tache, bien au contraire. Un ensemble joliment brut et rugueux, à l'image de Refn et ses personnages.

5
10
son

Une scène sonore quasiment frontale qui ne laisse passer sur les enceintes arrière que quelques séquences musicales (rares) et des ambiances (le vent par exemple). Un rendu plutôt timoré de ce côté‑là, mais largement suffisant pour une séance claire et péchue au niveau des dialogues.

7
10
bonus
- Entretien avec Nicolas Winding Refn et Mads Mikkelsen (48')
- Bande-annonce
- DVD du film
- Livret de 32 pages

Viré de l'école d'art dramatique de New York, Nicolas Winding Refn, seulement âgé de 24 ans, s'est démené afin de pouvoir monter son projet de film. Inutile de préciser qu'il avait en horreur le jeu standardisé des acteurs professionnels, il fait appel à Kim Bodnia et Mads Mikkelsen, fraîchement sortis d'école d'art dramatique, les jeunes acteurs rompent alors avec une certaine théâtralité et le style figé caractéristiques du cinéma danois de l'époque. Truffé d'anecdotes sur les conditions parfois improvisées de tournage, l'entretien fait un sympathique bond dans le temps, lorsque l'enfant terrible du cinéma de genre faisait ses armes à l'arrache dans les quartiers populaires de son pays, avec toute la bonne énergie qui fait les bons premiers films.

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