Black Panther
Après la mort de son père, le prince T’Challa (Chadwick Boseman) revient dans son pays, le Wakanda, pour monter sur le trône. Le Wakanda est une nation africaine technologiquement ultra‑avancée grâce à un métal unique, le vibranium, mais qui vit cachée du reste du monde. T’Challa, devenu roi, se voit octroyer des super‑pouvoirs, ceux de la Panthère Noire (Black Panther), ainsi que la mission de protéger à tout prix son royaume. Mais plusieurs ennemis agissent en coulisses dans l’espoir soit de détrôner T’Challa, soit de vendre les technologies liées au vibranium.
Black Panther n’est pas un énième film de super‑héros. Peuplé de personnages forts, notamment ‑alléluia !‑ des personnages féminins non réduits à de jolies silhouettes, le film revendique une identité africaine puissante que l’on retrouve tant dans les coutumes décrites que les costumes, les chants, la musique et même les décors. On n’épiloguera pas sur le pipeau communication qui a tenté de présenter Black Panther comme le tout premier super‑héros black, ce serait faire bon marché du Blade incarné jadis par Wesley Snipes.
Black Panther, tourné et scénarisé par le très doué Ryan Coogler (Fruitvale Station, Creed), décrit une vaste communauté africaine et afro‑américaine balançant entre l’envie de progresser et de revendiquer sa juste place dans la course du monde, et celle de répliquer par la violence au racisme. C’est en cela que Black Panther détonne dans la galaxie des films de super‑héros, généralement davantage tournés vers la castagne que le discours social ou politique.
Dans une première partie extrêmement énergique et bien ficelée, Black Panther catapulte avec efficacité les spectateurs dans une intrigue à la fois plus moderne et plus adulte qui assume une identité forte. Mais en raison d’un cahier des charges Marvel imposant des bastons grandioses et un tempo frénétique, le film s’enferre peu à peu dans ce qui s’avère, finalement, une banale lutte de pouvoir entre deux prétendants au trône.
La chose est d’autant plus regrettable que le vrai méchant du film, dont on ne spoilera pas l’identité, s’avérait sur le papier, en raison de son passé, l’un des plus complexes et intéressants malfaisants de tout l’univers Marvel. En raison toujours de ce damné cahier des charges Marvel, Ryan Coogler n’a pas le temps de développer convenablement cet antagoniste, réduit à des lignes de force simplistes, qui ne dévoilera sa dimension tragique qu’à son agonie.
En raison de ces qualités fortes ‑et de ces défauts qui le sont tout autant‑ Black Panther peut laisser le spectateur sur un sentiment partagé. Mais à l’instar du final du film qui ouvre grand les fenêtres à l’espoir, les amateurs peuvent escompter que Black Panther, beau super‑héros riche en promesses, connaisse un jour une digne maturité.