par Paco Altura
15 juillet 2018 - 16h30

Black Panther

année
2018
Réalisateur
InterprètesChadwick Boseman, Lupita Nyong'o, Danai Gurira, Michael B. Jordan, Martin Freeman, Andy Serkis
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Après la mort de son père, le prince T’Challa (Chadwick Boseman) revient dans son pays, le Wakanda, pour monter sur le trône. Le Wakanda est une nation africaine technologiquement ultra‑avancée grâce à un métal unique, le vibranium, mais qui vit cachée du reste du monde. T’Challa, devenu roi, se voit octroyer des super‑pouvoirs, ceux de la Panthère Noire (Black Panther), ainsi que la mission de protéger à tout prix son royaume. Mais plusieurs ennemis agissent en coulisses dans l’espoir soit de détrôner T’Challa, soit de vendre les technologies liées au vibranium.

 

Black Panther n’est pas un énième film de super‑héros. Peuplé de personnages forts, notamment ‑alléluia !‑ des personnages féminins non réduits à de jolies silhouettes, le film revendique une identité africaine puissante que l’on retrouve tant dans les coutumes décrites que les costumes, les chants, la musique et même les décors. On n’épiloguera pas sur le pipeau communication qui a tenté de présenter Black Panther comme le tout premier super‑héros black, ce serait faire bon marché du Blade incarné jadis par Wesley Snipes.


Black Panther, tourné et scénarisé par le très doué Ryan Coogler (Fruitvale Station, Creed), décrit une vaste communauté africaine et afro‑américaine balançant entre l’envie de progresser et de revendiquer sa juste place dans la course du monde, et celle de répliquer par la violence au racisme. C’est en cela que Black Panther détonne dans la galaxie des films de super‑héros, généralement davantage tournés vers la castagne que le discours social ou politique.


Dans une première partie extrêmement énergique et bien ficelée, Black Panther catapulte avec efficacité les spectateurs dans une intrigue à la fois plus moderne et plus adulte qui assume une identité forte. Mais en raison d’un cahier des charges Marvel imposant des bastons grandioses et un tempo frénétique, le film s’enferre peu à peu dans ce qui s’avère, finalement, une banale lutte de pouvoir entre deux prétendants au trône.


La chose est d’autant plus regrettable que le vrai méchant du film, dont on ne spoilera pas l’identité, s’avérait sur le papier, en raison de son passé, l’un des plus complexes et intéressants malfaisants de tout l’univers Marvel. En raison toujours de ce damné cahier des charges Marvel, Ryan Coogler n’a pas le temps de développer convenablement cet antagoniste, réduit à des lignes de force simplistes, qui ne dévoilera sa dimension tragique qu’à son agonie.


En raison de ces qualités fortes ‑et de ces défauts qui le sont tout autant‑ Black Panther peut laisser le spectateur sur un sentiment partagé. Mais à l’instar du final du film qui ouvre grand les fenêtres à l’espoir, les amateurs peuvent escompter que Black Panther, beau super‑héros riche en promesses, connaisse un jour une digne maturité.

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4k
cover
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
26/06/2018
image
1 UHD-66 + 1 BD-50, 134', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital Plus 7.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Anglais Audiodescription
Allemand Dolby Digital Plus 7.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, allemand
10
10
image

Après une ouverture en forme de flashback plutôt sombre et vraiment lisible avec un diffuseur HDR Doby Vision, on comprend très vite que la qualité d'image du film sera au diapason de l'univers du Wakanda : luxuriante, futuriste, contrastée, fortement dopée en noir et en couleurs vives. Des plaines d'Afrique survolées par le vaisseau à la découverte du Wakanda depuis les airs, on n'en perd pas une miette, comme happés par ce monde aussi secret que merveilleux. 

 

Un peu plus loin, on est surpris par la richesse des détails et l'intensité, encore une fois, des couleurs, notamment lors la scène de l'intronisation avec les différentes tribus parées de leurs plus beaux atours. Des scènes absolument dignes d'être appréciées en 4K (en fait un Digital Intermediate 4K opéré à partir de sources 3.4K). Par rapport à son homologue Blu‑Ray, ce 4K l'emporte haut la main avec son label HDR Dolby Vision entièrement tourné vers l'optimisation des contrastes et des couleurs. Il n'y a qu'à voir les bijoux et le métal vibranium briller à la lumière, ou les fleurs mauve fluo exploser littéralement à l'écran.

 

Certes, la précision à outrance souligne parfois un peu trop la nature très virtuelle des décors (la séquence des rhinocéros robots), mais le soin apporté aux textures, aux parures corporelles et aux jeux de lumière (que l'on soit au soleil, à la lueur des torches, des écrans numériques ou au cœur des songes avec les ancêtres, la luminosité est juste parfaite) force le respect. On aimera ou pas, mais le parti pris est évident et assumé de A à Z.

8
10
son

VOST obligatoire ici. Non seulement la VO Dolby Atmos (Dolby TrueHD 7.1 pour les personnes non équipées) est bien mieux disante techniquement que sa consœur française simple Dolby Digital Plus 7.1, profite d'une grosse pêche lors des passages musicaux tribaux et d'une spatialisation à l'occasion éblouissante (la poursuite automobile à Busan), mais en prime, elle est artistiquement infiniment supérieure à la VF.

 

Les comédiens américains de Black Panther incarnant les Wakandais ont en effet pris soin de parler anglais avec un petit accent : la chose n'est pas qu'une coquetterie, elle permet un enchaînement hyper‑fluide lorsque les personnages échangent en parlant wakandais. À l'inverse, en VF, les comédiens enregistrés parlent tous normalement et ânonnent très laborieusement les dialogues en wakandais. Ce choix artistique désastreux confère aux dialogues VF une allure constamment artificielle, contrairement à l'excellente piste VOST.

 

Concrètement, la VO Dolby Atmos apporte une emphase inédite et une activité arrière réelle où rien ne semble statique. L'effet est appréciable, d'autant plus quand le film traverse des petits coups de mou. Les basses sont aussi plus efficientes. Enfin, les effets hauteur (vaisseaux, avions, petits oiseaux et on en passe) donnent plus que jamais vie au film. Sans tout cela, le soufflé retomberait, c'est certain. 

5
10
bonus
- Documentaires (Le couronnement d'un roi, Le royaume caché, Les guerrières du Wakanda, La technologie du Wakanda) (24')
- Bêtisier (2')
- Scènes coupées (quatre scènes) (6')
- De la page à l'écran : le tour de table (20')
- Marvel Studios : les dix premières années, connecter les univers (8')
- Premières images de Ant-Man et la Guêpe (2')
- Commentaires audio du réalisateur Ryan Coogler et de la décoratrice Hannah Beachler

Malgré un menu dense en apparence, bien peu de choses à se mettre sous la dent. La langue de bois et l'auto‑satisfaction Marvel sont de mise presque partout, particulièrement sur le bonus Les dix premières années : connecter les univers. On passe vite sur un bêtisier artificiel, visiblement fabriqué de toutes pièces, pour s'intéresser un peu moins distraitement aux documentaires.

 

Là encore, grosse langue de bois marketing mais le réalisateur et plusieurs de ses collaborateurs, notamment la décoratrice, témoignent d'une recherche sincère d'authenticité dans la création de la nation africaine fictive qu'est le Wakanda.

 

Le plus intéressant reste le tour de table des scénaristes bande dessinée et film qui échangent sur leurs intentions d'écriture. Malgré une réalisation très artificielle, cet échange s'avère riche en anecdotes. Même constat pour les très denses commentaires audio du réalisateur et de sa décoratrice.

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