Biutiful
Avec Biutiful, Alejandro Gonzales Inarritu s’éloigne ‑et c’est tant mieux‑ de la veine chorale de ses deux précédents longs métrages (21 grammes et Babel), ce style un peu ronronnant qui lui avait valu la reconnaissance internationale et le prix de la Mise en scène à Cannes en 2006.
Séparé de son scénariste Guillermo Arriaga, expert en récits à voix multiples, Inarritu se concentre cette fois sur un homme, Uxbal (interprété par Javier Bardem, qui trouve ici le plus beau rôle de sa carrière), petit escroc de Barcelone, atteint à 40 ans d’un cancer de la prostate et dont on va suivre les derniers jours.
Doté d'une mère dépressive et bipolaire, élevant seul ses deux jeunes enfants, Uxbal plonge vers une mort que l’on sait inexorable et déambule dans les rues d’un Barcelone lugubre et violent, entre clandestins chinois, Africains parqués comme des bêtes, scènes de répressions policières et fantômes du passé avec lesquels Uxbal, avant de rendre l’âme, tente de régler ses comptes.
Film sombre mais jamais glauque, tragique mais pas complaisant, Biutiful est un mélodrame ébène portée par la musique de Gustavo Santaoalla, qui décrit avec intensité et vigueur les tentatives d’un homme qui, avant de partir, veut recoller les morceaux d’une vie brisée, se retrouver une dernière fois à table avec sa femme et ses enfants. Une merveille.