Big Bad Wolves
Après le énième meurtre atroce d'une petite fille, un professeur de théologie se retrouve suspecté puis relâché faute de preuves. Dévasté, Gidi (Tzahi Grad), le père de la victime, ne l’entend pas de cette oreille. Il décide alors de le kidnapper et compte bien se faire justice lui‑même. Micki (Lior Ashkenazi), un policier démis de ses fonctions à cause de son agressivité sur le présumé coupable, se retrouve embarqué malgré lui dans ce règlement de comptes hors du commun.
Après avoir osé introduire l'horreur à l'intérieur d'un cinéma israélien plutôt rétif au genre (Rabies en 2010), le tandem Aharon Keshales et Navot Papushado bifurque du côté du film d’autodéfense, tout en laissant néanmoins le soin à ses protagonistes d’exercer la loi du talion avec une distanciation et un cynisme dignes des frères Coen.
L’interrogatoire musclé de Gidi, relayé par son vétéran de paternel, plus que partant pour une bonne séance de torture, flirte avec la démarche voyeuriste du torture‑porn. Par ailleurs, notre jugement est sérieusement remis en question par le biais permanent d’un basculement de point de vue, allant des propos éplorés de l’otage (père d’une petite fille également) à la vendetta jubilatoire et tripartite de nos justiciers endeuillés.
Toute perspective morale anéantie, il ne reste qu’un manichéisme confus au service d’une explosion de pulsions. Admiratif face à un tel déluge d’humour noir, Quentin Tarantino n’a pas tari d’éloges quant à ce conte détourné, qui comprend bien plus qu’un seul grand méchant loup.