Bienvenue à Suburbicon
Dans une banlieue aseptisée des États‑Unis, Gardner (Matt Damon) joue les pères de famille irréprochables, or celui‑ci a mis en scène un faux cambriolage afin que son épouse handicapée (Julianne Moore) n’ait aucune chance de s’en sortir.
Produite et co‑scénarisée par les frères Coen, la comédie grinçante de George Clooney est un lointain dérivé de Fargo, flanquée d’une analyse sociétale sous‑jacente violente et contemporaine. De toute évidence, Suburbicon, banlieue proprette, n’a aucun intérêt à accueillir ce qui dénaturerait son cachet WASP, d’où la séquence inaugurale montée comme une pub pro‑communauté blanche et limitant tout espoir d’intégration des Mayers, une famille noire pourtant sans histoire. Une barrière indestructible se hisse alors (métaphorisée par la traditionnelle cloison blanche qui sépare les maisons mitoyennes) entre la folie de Gardner et l’harmonie de la minorité décriée par les citoyens (prétendument) irréprochables du coin.
On retiendra davantage ce portrait au vitriol de l’Amérique des Sixties (et d’aujourd’hui par extension) que le thriller parallèle un peu barré, moyennement méchant et qui peine à s’affranchir de ses influences (trop) flagrantes.