Beyoncé : Live at Roseland - Elements of 4
Beyoncé est une grande chanteuse. Beyoncé danse à merveille. Beyoncé est sculpturale. Beyoncé est un bourreau de travail. On le sait et, visiblement, elle aussi. Car pour ce Live at Roseland, salle mythique de New York, elle s'est laissée aller à un vrai délire de mégalo. On connaissait l’autobiographie, voici l’autohagiographie.
La première partie du concert sert donc à retracer en musique le parcours de la star, qui ne cesse de se congratuler. Qu’il s’agisse de ses débuts enfant, de son groupe Destiny’s Child, de ses nombreux hits, de ses nominations aux Golden Globes ou aux Grammy Awards pour sa performance dans le film Dreamgirls, ou encore de son richissime mari (Jay‑Z) qu’elle aime éperdument, elle n’y va pas avec le dos de la cuiller. Productrice exécutive et réalisatrice de ce show (comme le précédent, Beyoncé : I Am… World Tour), la diva du R’N’B se lance des fleurs sans rougir, tout en voulant nous toucher avec ses états d’âme qu’elle met en scène, entrecoupant les séquences live de photos ou de vidéos « personnelles », « d’instants de vie ». Elle revendique son authenticité… on y croit à moitié.
On touche le fond lorsqu’elle vire au démago, insérant une vidéo d’elle avec un enfant handicapé reprenant un de ses tubes avec les yeux qui brillent. Lui est ému. Mais tout cela frise l’indécence. Une seconde plus tard, ventilo à fond les ballons, la lionne fait rugir sa crinière, jusqu’à l’overdose. Syndrome Mariah Carey ?
Pourtant, « Bee » reste l’une des plus grandes voix actuelles, une vraie diva capable de surpasser en live les impeccables enregistrements en studio, de tenir la scène avec fougue sans perdre son souffle, sans le moindre couac. Et ici, on ne peut qu’apprécier l’effort fourni, celui d’offrir à ses fans une prestation de grande qualité en proposant un orchestre de cuivres et de cordes aux sonorités à la fois funk et jazzy. Mais la chanteuse, aussi douée soit‑elle, reste un objet de fantasme hermétique. Et, même lors d’un concert voulu plus intimiste que les shows à l’américaine auxquels elle nous avait habitués, la belle apparaît comme un « control freak » ne s’autorisant aucun imprévu, un androïde parfait calculant ses émotions au millimètre, à l'image de ses costumes de scène. Une paillette s’est d'ailleurs décollée de son bustier, ce sera le seul incident de parcours de sa représentation.