Better Man
L'ascension du chanteur/compositeur britannique Robert Williams alias, Robbie Williams, disponible le 22 janvier au cinéma. Commençant par ses rêves de gloire d’ado, puis son intégration au sein du boys band Take That qui entraîna sa plongée dans les paradis artificiels, en passant par le succès en solo dès 1997 avec la chanson Angels, le film se termine sur sa rédemption. My Way, version Robbie Williams… Petite particularité : ce dernier est interprété dans le film par un singe (en CGI) !
Monnaie de singe
Après Pharrell Williams en Lego (dans le film Piece by Piece), voici donc Robbie Williams en chimpanzé. L’idée est la même : renouveler l’exercice du biopic et apporter un tant soit peu de recul à une hagiographie annoncée (et présente). Là où l’auteur de Get Lucky expliquait sa démarche au sein du long métrage, il faudra pour Better Man que le spectateur se contente du postulat de départ imaginé par le réalisateur Michael Gracey (The Greatest Showman). Le parti ne sera jamais expliqué, ni même justifié.
Robbie Williams se double lui‑même et raconte sa vie à travers une voix off pleine d’ironie. Quant aux effets spéciaux, ils font merveille. Le film en est bourré, on le sait, on le sent, mais tout passe crème. On obtient même quelque chose de fou tant l’homme est un showman. La chorégraphie de Rock DJ sur Piccadilly Circus en met plein les mirettes, quant à celle de Let Me Entertain You sur le concert de Knebworth, c’est littéralement une tuerie !
Les numéros musicaux, car le film est très musical, sont aussi jubilatoires que ceux de Moulin Rouge et de LA LA Land combinés, pour peu bien sûr qu’on ne soit pas allergique à la musique de Robbie. C'est d'ailleurs le seul bémol de ce film 100% best of. Même avec de superbes versions réorchestrées pour l’occasion, si on n’aime pas le chanteur, on risque un peu la syncope. Si on est fan, on en a pour son argent et pas qu’un peu.
D'autant que le capital sympathie de Robbie Williams lui permet tous les excès, toutes les singeries les plus folles. Le film Better Man est à son image : excessif, bouillonnant et bien sûr, sans grandes nuances. Mais tel un grand huit ou un bon concert, il nous emmène dans son tourbillon boursouflé. On pense à Babylon. Si Better Man est assurément aussi clivant que le film de Damien Chazelle et l’assume complètement, c’est assurément également un shoot d’énergie cinématographique total.
La fame est‑elle l’avenir de l’homme ?
Reste le gros morceau : la vie et l’œuvre de Robbie Williams méritaient‑elles un long métrage ? Évidemment, les circonvolutions de l’ex‑Take That sur la gloire, sur son rapport au père, aux femmes, le pathos étalé au grand jour, sa chute et sa rédemption, franchement… on ne va pas le plaindre non plus.
Son histoire ressemble à celle de tant d’autres. À se demander si toutes les stars vivent peu ou prou la même existence. L’envie de fame et le prix à payer sont toujours les mêmes, de film en film, et les ressorts narratifs également. Surtout quand, comme trop souvent, l’histoire est chronologique.
Reste que les autres films n’ont pas un singe comme personnage principal et une voix off pétrie d’ironie mordante, désarmant de franchise et plutôt sans concessions. La distanciation qu’impose ce délire artistique est salvatrice. Un singe qui prend de la coke avec Noel Gallagher, c’est beaucoup plus sympa à voir qu’un vague acteur grimé qui essaierait justement de singer son modèle. Là, c'est clair, c’en est un !
Le vilain garnement qu’est Robbie Williams nous signifie magistralement que le film est une simplification à l’extrême de sa vie et que sa rédemption est sans doute assez largement fictionnelle. Qu'importe. On ne peut que saluer la mise en scène survoltée et imaginative de Michael Gracey adepte des faux plans‑séquences de dingue où l’on peut chercher des heures les points de coupe. Sa direction « d’acteur » simiesque aussi. Le travail est si minutieux que l’on pourrait presque croire que le chanteur d’Angels a prêté son regard au singe du film. Parfois, c’est assez troublant, surtout dans les moments d’émotion, car il y en a.
Finalement, ce Better Man fait le job : on adore encore plus Robbie Williams et il est parfaitement raccord avec le titre de sa chanson : Let Me Entertain You (Laissez‑moi vous divertir) !