Beside Bowie : the Mick Ronson Story
Déprimante expérience que la vision de ce documentaire consacré à Mick Ronson. Guitariste et arrangeur aux côtés de David Bowie pendant toute sa période glam, sa participation discrète mais cruciale à quelques‑uns des albums des plus acclamés des 70's (Hunky Dory, Ziggy Stardust ou le Transformer de Lou Reed) ne saurait cacher le parcours d'un type qui fut ensuite laissé de côté, dans l'ombre, ayant vécu péniblement de sa musique jusqu'à sa mort tragique en 1993 à seulement 46 ans. Un effacement que le titre même du documentaire que lui consacre Jon Brewer semble prolonger : Beside Bowie : the Mick Ronson Story. Comme si, même lorsqu'on lui dédie une centaine de minutes, le guitariste virtuose n'était réduit qu'au statut d'homme derrière Bowie, éternellement en retrait.
Malaise donc dans les premiers instants de ce film qui semble se consacrer exclusivement à la petite vie de David Bowie dans le Londres de la fin des Sixties. Donnant la parole à des collaborateurs de l'époque (dont une Angie Bowie toujours aussi excentrique), et avec quelques apparitions en voix off de Bowie enregistrées peu avant sa mort, The Mick Ronson Story semble pendant longtemps ne traiter le guitariste qu'en personnage secondaire, ne sachant pas saisir vraiment qui il était, si ce n'est par des platitudes nécrologiques habituelles : un type simple, sympathique, discret, beau garçon. Pas un mot sur sa jeunesse. Des expériences dans des groupes précédents expédiées en quelques secondes. Rien de concret hormis des bavardages très communs sur l'ambiance d'une époque et sur Bowie, omniprésent.
Il faut attendre le mitan du film, quand sont évoquées longuement les années 1972‑1974, pour qu'enfin le personnage se révèle, le documentaire prenant enfin un peu de temps pour mettre en lumière les multiples talents de Ronson : sa capacité à jouer du piano et du violon en plus d'être un guitariste exemplaire, son implication dans le mixage et la production des albums de Bowie, ses talents d'arrangeurs qui ont tant apporté à des chansons comme Life on Mars... Mais là encore, ces quelques instants semblent balayés par le reste, revenant sans cesse à Bowie, à Ziggy, aux Spiders from Mars. Et quand tout capote pour Ronson en 1974, cessant de collaborer avec Bowie, échouant à lancer une carrière solo et ayant des problèmes financiers suite à des contrats très désavantageux, le documentaire semble faire directement une avance rapide jusqu'à la mort de l'artiste, ne consacrant qu'une minute à sa collaboration avec Bob Dylan en 1975 ou à son travail de production sur l'album de Morrissey au début des années 90. Rien à dire, si ce n'est quand il a collaboré brièvement avec... David Bowie en 1993.
Long mais bizarrement creux, souffrant d'une réalisation et d'un montage à la limite de l'amateurisme, avec de grandes lacunes de rythme et d'écriture, Beside Bowie : the Mick Ronson Story reste piteusement à la surface de l'homme dont il souhaitait pourtant faire le portrait. Une fois de plus, difficile de ne pas se dire que Mick Ronson méritait mieux que ça.