Bernadette
La vie, plus ou moins fictionnée de Bernadette Chirac (Catherine Deneuve) à l’Elysée durant les deux mandats de son mari (Michel Vuillermoz), d’abord dans son ombre, puis au premier plan…
Bernadette, elle est très chouette !
Disponible sur OCS depuis peu en première exclusivité, le premier long métrage réalisé par Léa Domenach, fille du journaliste Nicolas Domenach, est une belle réussite. Sans prétention, cette comédie divertie et nous touche sans pour autant être hagiographique. Le parti pris de la réalisatrice ressemble à celui de Valérie Lemercier pour Aline : évoquer sans pour autant singer et caricaturer. Il est parfaitement assumé par la réalisatrice et très réussi, parvenant à éviter l'écueil du sketch.
D'ailleurs, aucun des acteurs ne cherche le mimétisme, seulement l’esquisse et l’évocation. Cela fonctionne encore mieux qu'avec un biopic en bonne et due forme et permet quelques entorses à la réalité pour le bien du scénario. Incroyable, Catherine Deneuve arrive à rester la reine Catherine tout en étant une Bernadette plus vraie que nature. Sa composition, magistrale, vaut à elle seule la vision de Bernadette qui, par ailleurs, est un beau portrait de femme ainsi qu’un déboulonnage en règle du patriarcat élyséen, voire national. Le récit d’un empowerment féminin avant l'heure !
Élysée, élisez !
À aucun moment le film ne tombe dans la facilité, le lourd ou le vulgaire, mais dit beaucoup de choses de l’histoire du couple Chirac et de la vie politique et à l’Élysée. On sort du film avec l’envie de dévorer la page Wikipédia de Bernadette, de Jacques et de Claude (Sara Giraudeau), afin de démêler le vrai du moins vrai. Ici rien n’est faux, mais tout n’est pas véritablement exact non plus. Un équilibre jubilatoire. Le combat de la « ringarde » Bernadette est à la fois inspirant et pathétique, féministe et égotique. En filigrane, la réalisatrice dresse le portrait des ors de la République.
On pense aussi forcément à la série Parlement, on est effaré, même s'il le mérite bien, du sort réservé au personnage de Nicolas Sarkozy (Laurent Stocker), et au final, on peut se demander si le film ne serait pas un peu macroniste sur les bords ? À force d’évoquer le monde obscur de la politique, il le devient forcément. Qu’elle le veuille ou non, la réalisatrice prend parti, et cela se sent. Là sans doute est l’écueil du film, maladresse excusable d’un premier film qui n’en demeure pas moins malin et jubilatoire.